Les farines de tubercules d’Eddy Babel

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Par Dominique LANCASTRE

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Magnifique ouvrage sur l’utilisation des tubercules en cuisine, une idée qui nous vient de la Guadeloupe avec Eddy Babel. Comme il le dit lui-même dans sa quatrième de couverture « l’évolution et la compétitivité nous a conduits jour après jour dans un univers de mondialisation sans penser qu’il pourrait un jour ne plus répondre à nos besoins vitaux ».  C’est donc un ouvrage qui nous pousse à réfléchir, à porter un autre regard sur la nourriture et l’utilisation de produits qui sont à notre portée mais qui jusqu’à présent nous laissaient indifférents pour certaines réalisations.

L’ouvrage est composé de deux grandes parties. La première présente les tubercules et la deuxième nous propose une série de recettes à réaliser. Des méthodes de fabrication des farines à la transformation, Eddy Babel nous explique pas à pas les différentes méthodes. Un ouvrage très intéressant qui met en avant les différents produits qui existent dans nos îles.

La partie recettes est très complète et nous propose de mettre en pratique plusieurs recettes à base de farine de patate douce, de farine de fruit à pain ou encore de farine d’igname. Des recettes qui feront le bonheur des personnes ayant des intolérances au gluten.

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À propos de l’auteur

Auteur – Éditeur.

Conférencier- Cuisinier – Formateur locavore.

Auteur, compositeur, interprète, musicien programmeur

Né en Guadeloupe dans la ville de Basse-Terre, Eddy Babel a reçu une formation de cuisinier et est devenu par la suite formateur de cuisine à l’AFPAG.

En 2011, il crée les éditions Mouv Tropical afin de publier ses ouvrages.

Depuis 2014, il réalise des projets littéraires dans le but de transmettre des savoir-faire en lien avec la cuisine, le bien-être, la spiritualité, l’amour, la musique et la poésie.

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Interview

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Pourquoi les tubercules et comment est arrivée cette idée ?

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En Guadeloupe, nous importons une grande partie de notre alimentation.

Nous consommons beaucoup de pâtes alimentaires, de riz, de frites, de pain, de pâtisseries, mais nous ne cultivons ni le blé, ni la pomme de terre.

Et dans toute cette industrialisation, nous avons négligé le fait que nous avons une biodiversité riche en fruits, en légumes et en tubercules.

Ces racines qui stockent des aliments sous la terre comme une réserve vivante peuvent tous être transformées en frites, en pâtes alimentaires, en farine et être utilisées en cuisine, en pâtisserie, en boulangerie, en viennoiserie, pour le bien-être, en cosmétique, en produits pharmaceutique et en aliments de première nécessité. En plus de cela, elles sont tous sans gluten.

Afin de donner un nouveau souffle à l’agriculture et à l’agrotransformation dans les Caraïbes, nous devons apprendre à mieux connaître nos aliments afin de les utiliser intelligemment.

Limiter le gaspillage et la pollution.

Développer la production agricole.

Valoriser l’agrotransformation.

Proposer des produits alternatifs ou complémentaires au blé.

Revendiquer la possibilité de proposer à notre population des compléments alimentaires et des médicaments made in Guadeloupe.

Renforcer l’économie locale.

Construire une démarche vers l’autonomie alimentaire.

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  Avez-vous rencontré des difficultés pour publier cet ouvrage ?

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Je suis auto-éditeur. J’ai été accompagné par l’ADIE pour financer en partie l’impression de mon livre. Mais un tel ouvrage demande du temps, des tests et de la recherche.

L’expérience que j’ai eue avec le premier volume Le fruit à pain dans tous ses états m’a permis de me positionner dans une suite logique de l’évolution de cette collection.

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Le livre propose beaucoup de recettes mais les farines sont surtout disponibles en Guadeloupe ? Avez-vous l’intention d’exporter ces produits ?

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Non. Je ne veux pas me positionner dans cette démarche pour ne pas m’éparpiller afin d’être dans la réflexion et la recherche de solutions. Je laisse cette partie à d’autres. Pour être efficace, chaque personne doit rester à sa place.

Il y a beaucoup à faire au niveau de notre agriculture et je pense qu’elle n’est pas encore développée.

Nous avons chez nous des jeunes femmes et hommes de talent qui ne demandent qu’à travailler. Ma mission est de leur fournir des outils pour construire leurs démarches professionnelles avec une vision projetée sur l’avenir pour développer durablement notre territoire.

L’éducation, c’est la base de toute démarche de développement durable, et la population doit elle aussi s’impliquer en acceptant de réapprendre à consommer local, peut-être de manière différente ou évolutive. C’est aussi le rôle de ce livre qui a vocation à accompagner chaque utilisateur à se réapproprier les aliments de son environnement immédiat.

Il y a des institutions et des boutiques bio qui proposent des farines de tubercules en Europe. Vous trouverez notamment un annuaire à la fin de mon livre.

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Que mettriez-vous le plus en avant pour défendre votre ouvrage?

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Quand on réalise une farine locale avec le souci de lutter contre le gaspillage, on va donc utiliser toutes les parties consommables de l’arbre.

C’est grâce à cela que certain tubercule pourra nous fournir une grande variété de production en poudre, en farine, en fécule, en granulés, en semoule et en fibre.

Si nous prenons l’exemple de la patate douce, nous pouvons réaliser des farines de couleurs différentes en dissociant les variétés.

De ce fait, si on réalise une farine avec une patate douce à chair blanche, la farine sera blanche.

Si on la réalise avec une patate betterave, la farine sera mauve en fonction de la technique utilisée.

Si on associe la chair de la patate avec sa peau on obtiendra une farine complète.

Si on associe la chair de la patate avec sa peau et ses feuilles, on obtiendra une farine intégrale.

Mais nous pouvons encore aller plus loin en réalisant :

De la fécule, des fibres, du colorant alimentaire, des granulés ou de la semoule.

C’est cela que je vous propose de découvrir et de mettre en pratique avec ce nouvel ouvrage intitulé : Les farines de tubercules dans tous ses états

  • Une technologie anti-gaspillage.
  • Une technologie inspirante pour les professionnels des métiers de la bouche.
  • Une technologie qui permettrait de convertir nos jeunes attirés par l’alimentation rapide en locavores.
  • 120 recettes réalisées avec le manioc, la patate douce, le dictame, le madère, le malanga, l’igname, le taro, l’uru, la châtaigne et le fruit à pain.

Une idée originale qui comblera les personnes souffrant d’intolérance au gluten et qui sont en quête de solutions recettes pour leur bien-être.

N’oublions pas que, plus nos aliments sont proches de nous, plus ils sont riches et adaptés à nos besoins.

Il n’ y a pas de vie sans espoir.

Si bato la pa rentré (si les bateaux ne nous livrent pas de nourriture), nous avons de l’espoir dans notre biodiversité et le talent de nos artisans.

Mais il n’y a pas d’espoir sans amour.

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Écrivain, conférencier, auteur de livre bien être, cuisine, développement personnel et spirituel.
http://www.mouvtropical.com/eddybabel.html
https://www.facebook.com/eddy.B.DM 

Auteur, compositeur, interprète gospel musique.
http://www.mouvtropical.com/hymnelagloirededieucdaudio.html

Par Dominique LANCASTRE

Pluton-magazine/Paris16/2021

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