Dans les coulisses de « La couleur de l’esclavage  » avec Patrick Baucelin

Par Dominique LANCASTRE

« La couleur de l’esclavage » un film documentaire de Patrick Baucelin

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Patrick Baucelin s’attaque à un pan de l’histoire de l’humanité et pas n’importe lequel puisqu’il sagit de l’esclavage. Le réalisateur est en ce moment à la Martinique en tournage pour son documentaire consacré à l’esclavage. Un documentaire intitulé La couleur de l’esclavage.  Chaque année, on revient sur l’esclavage lors des commémorations mais c’est souvent dans le cadre universitaire avec des conférences et des débats ou parfois des reconstructions de scènes dans les endroits les plus marqués par l’esclavage.

 Patrick Baucelin est martiniquais et fier de l’être comme il aime à le souligner sur les antennes de télévision et il a bien raison car il fait un travail de mémoire remarquable. Il n’en est pas à son premier documentaire loin de là, il en a déjà signé plus d’une dizaine. Il a déjà reçu de nombreuses récompenses lors de festivals à l’étranger de films à l’international aux États-Unis. Et notamment Le CTO Lifetime Achievement Award,  la distinction la plus prestigieuse qui honore les professionnels de la Caraïbe par leur persévérance et leur contribution dans leur domaine respectif. Cette fois-ci le défi est différent. Comme il le dit dans sa présentation du film à la presse :

« Mon intention est de réaliser un film afin de décrire la vie quotidienne des esclaves dans les plantations et habitations. Il n’y a pas de documentaire historique relatant la vie des esclaves permettant à tout un chacun d’avoir une idée de leur quotidien. Ils avaient tous des rôles différents nécessaires à la bonne marche de l’habitation. On peut citer : Les nègres de terre, les amarreuses, sucriers, servantes et domestiques, les charretiers, les cabrouetiers, les enfourneuses de cannes, les mouliniers, forgerons, les tonneliers… tous ce monde exploité pour fabriquer du sucre à l’enrichissement des colons »

Nous comprenons alors les difficultés qu’engendre une telle réalisation. D’ailleurs, il n’hésite pas à poster sur les réseaux sociaux la fabrication de tous ces objets pour les placer dans leur contexte historique. Un travail de titan, en plus du travail considérable de casting. C’est un film important pour lui et il y consacre toute son énergie.

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 Interview

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Patrick BAUCELIN | Auteur, producteur et réalisateur de films documentaires

Quelles sont les difficultés financières à surmonter pour un projet de la sorte ?

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Hormis le coût des cachets pour les figurants (je ne retiens que les bénévoles), c’est aussi une équipe de techniciens réduite faute de budget (par exemple, pas de preneur de son), pas de subvention et donc une recherche de fonds privés pas évidente par les temps qui courent.

Il faut savoir bricoler au maximum la construction des décors, ce qui demande un travail de bois, de soudure, de peinture « vintage », d’être inventif pour créer des objets que l’on ne peut se procurer par un achat (création de plusieurs charrettes, par exemple).

Pour les costumes, faire appel à des bénévoles, récupérer de la toile par des dons.

Pour l’acquisition d’images additionnelles, être obligé de réduire ces ambitions au détriment de ce que l’on voudrait faire, eu égard au coût moyen d’environ 60$ la seconde.

Et quasiment pas le droit aux effets spéciaux et trucages vidéo, très onéreux.

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Quelles sont les difficultés techniques, notamment liées à la reconstruction d’époque ?

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La création des costumes des esclaves, des colons, les robes des femmes de colons… Cela demande beaucoup de recherche personnelle, il faut se documenter afin de comparer les illustrations, les récits historiques…

Et il est très difficile de trouver des décors et accessoires d’époque, qu’il faut importer.

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Patrick BAUCELIN | Auteur, producteur et réalisateur de films documentaires

Quelle est la vie sur le terrain. Une journée typique de tournage ?

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Ayant toutes les « casquettes » je suis auteur, producteur, réalisateur…

Préparer le décor pour l’ambiance avec les charrettes, les animaux et organiser les scènes à tourner avec les figurants, contrôler les costumes, la coiffure, le maquillage, ne pouvant payer des professionnels.

 Gérer l’emplacement des caméras pour capter les différents et meilleurs angles pour filmer.

Expliquer ce que j’attends de chaque personne (les mettre dans l’ambiance de la scène).

J’ai une équipe de bénévoles qui m’aide et m’accompagne pour la cantine et je fais appel à des grandes surfaces pour des dons en nature

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Ce que tu aurais aimé avoir et que tu n’as pas pu avoir pour le film, mais ce dont tu t’ accommodes

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La possibilité d’avoir des techniciens professionnels, payer des cachets aux figurants ne serait-ce que pour les frais de déplacement, pouvoir avoir quelques acteurs et actrices professionnels, les moyens de payer les maisons spécialisées en trucage vidéo, « disposer » du pouvoir d’acquérir des images additionnelles selon les besoins que je ressens en tant que réalisateur du film.

La couleur de l’esclavage, un documentaire de Patrick Beaucelin, sortira fin 2021.

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Reportage Dominique LANCASTRE

Pluton-Magazine/ Paris16/ 2020

Crédit photos, copyrights Patrick Baucelin : Patrick BAUCELIN | Auteur, producteur et réalisateur de films documentaires

Photographe: Jean Marc Saint Louis

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