Un livre, un vol 2021 : La couleur de l’agonie par Gisèle Pineau

Un Livre, un vol (numéro 1)

Présenté sous forme de carte postale numérique, l’auteur répond rapidement à trois questions à propos de son ouvrage dans Un livre, Un vol 2021.

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Une trentaine d’années après le viol sauvage qu’ils ont commis, sept hommes voient se dessiner le visage de la vengeance et la couleur de l’agonie. La mort leur court après telle une ombre sans pardon

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La couleur de l’agonie

CARAÏBÉDITIONS ISBN 978-2-37311-09-82 date de parution 01/06/2021

Disponible à Caraibéditions
Caraïbéditions (caraibeditions.fr)

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TROIS QUESTIONS À GISÈLE PINEAU

C’est ton premier roman policier. A-t-il été facile de changer de style et de plonger dans le polar ?

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Gisèle Pineau : Je n’ai pas tellement changé de style pour ce polar. Il y a du suspense et des rebondissements dans tous mes romans. Je suis depuis longtemps une grande lectrice de romans policiers. Et une fan des séries policières américaines.

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 Pourquoi ce titre ? La couleur de l’agonie

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Gisèle Pineau : L’agonie, pour donner des frissons aux lecteurs et la mystérieuse couleur pour attiser la curiosité.

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Quel est ton passage préféré dans  la couleur de l’agonie ?

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Gisèle Pineau : Mon passage préféré est l’ouverture qui doit sidérer le lecteur, un plongeon direct dans l’univers noir du polar.

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Extrait

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[…] Trottoirs verglacés. Jess évite de poser les pieds dans les flaques de lumière bilieuses vomies par les réverbères. Vingt-cinq minutes qu’elle marche. A croisé au moins dix types louches, dos voûté, une main dans la poche, l’autre plaquée à l’oreille sur un téléphone portable, la tête enfouie dans la capuche d’un sweat-shirt. Démarche en canard saccadée, sautillante. Les mecs vont quelque part, pressés d’arriver, trafiquer, dealer, bizness is bizness… Sûr que la moitié de ces gars sont fichés S, préparent un mauvais coup, n’ont pas leurs papiers en règle.

Elle est passée devant un tabac ouvert, quartier de La Roquette. Pas le moindre pincement au cœur. Ne cherche pas de cigarettes.

Il fut un temps où elle se jetait dans Paname au milieu de la nuit. En quête d’un paquet de Marlboro rouge. Le besoin de fumer était alors irrépressible. Elle tentait d’abord de se raisonner : c’est pas bon pour les poumons. T’as vu comme tu tousses. T’auras un cancer à moins de cinquante balais. Tu pues de la gueule au réveil… Pour se calmer, elle avalait une demi- bouteille de vin. Besoin de s’abrutir. Tournait pareil à un animal en cage dans son deux-pièces. Ce genre de bêtes emprisonnées dans les sous-sols des laboratoires de recherches scientifiques qui bossent à sauver l’humanité. Un pauvre rat qui attend sa dose. Une Cheeta camée ou un Cornelius névrosé. Jess allait de la chambre à la cuisine en passant par le living. Se regardait toujours dans le miroir fiché sur le mur au-dessus du canapé. Pouvait pas s’en empêcher. Genre psychotique, s’observait pour voir comment les traits de son visage se décomposaient au fil des minutes, puis des heures. Elle n’avait jamais pu résister plus de trois heures. Au bout d’un moment, fébrile, n’y tenant plus, elle farfouillait dans la poubelle et les cendriers. Y repêchait un ou deux mégots ratatinés. Elle parvenait parfois à façonner une clope correcte avec du papier à rouler et le tabac récolté. Un sacré exercice de dextérité. Ça puait la gerbe. Ça ressemblait aux travaux pratiques d’une classe de maternelle. Bout de papier, découpage et studieux collage […]

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Un livre, Un vol. La carte postale de Gisèle Pineau

Pluton-Magazine/ Paris 2021

La couler de l’agonie

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