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Par Dominique LANCASTRE
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Sonia est une mère atypique qui, dans sa quête pour être une mère parfaite, néglige sa propre santé. Alma Brami nous invite à explorer le quotidien d’une maman qui sacrifie tout pour le bien-être et le développement impeccable de ses enfants.
Mais cette quête frise la folie tant elle devient peu à peu paranoïaque. Et si par moment le lecteur peut se demander si Sonia n’est pas folle, elle ne l’est pas du tout. Son désir marathonien de vouloir tout faire et tout faire bien par amour pour sa progéniture vire parfois au ridicule. Un ridicule que sa propre mère dénonce mais dont elle fait fi.
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[…] Avoir peur qu’il leur arrive quelque chose, ce » quelque chose » terrifiant, innommable. Ne pas prononcer les peurs, formuler donne des idées à l’univers. Essayer de ne pas y penser, y penser tout le temps. L’univers prend note. Ériger un stratagème pour conjurer le sort. Créer une formule magique, embrasser un objet, une médaille, répéter un chiffre à l’infini, se signer, se saigner. Succession de stratagèmes pour un semblant de repos. Annuler sans cesse ses pensées, craindre de ne pas y parvenir, être responsable du malheur possible. […]
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Dans ce capharnaüm quotidien au sein de son appartement, c’est une maman qui ne laisse rien au hasard et contrôle dans les détails tout ce que font ses enfants.
C’est un travail à plein temps que d’être maman et n’est pas maman qui veut. L’écriture est incisive, si haletante que le lecteur a même l’impression de cavaler dans cet appartement avec le personnage principal dont l’auteure ne livre le nom qu’à la fin du roman.
Sa description insinue que Sonia ne ressemble à rien, mais rien n’a pas de nom. Intentionnellement ou pas, il n’en reste pas moins que le fait de ne pas avoir le nom du personnage interpelle le lecteur. Le père semble être aux abonnés absents puisqu’il n’est que rarement mentionné et pas en de bons termes :
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[…] Et papa ?
Il faut entendre les sons : Pa Pa. Demandez à Milou, en psychanalyse, on décortique les mots : Pas Pas, deux négations, un Pas pour chacun de vous. Il n’est pas là, eh ben qu’il y reste. […]
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L’écriture incisive donne un rythme effréné à l’histoire. Des chapitres courts ponctuent les descriptions du petit-déjeuner au coucher de ces deux enfants qui la rendent presque folle. Mais elle adore cette folie et ne voudrait pour rien au monde se séparer de ses enfants, pas même les confier à sa mère. C’est pour elle une hantise car le désir d’être parfaite la pousse à imaginer le pire. Et dès lors qu’on imagine le pire, la vie devient un enfer. Un enfer pour elle qui voit le danger partout et à tout moment.
Ni folle, ni vraiment maniaque car ce que l’auteure nous décrit est le quotidien de toutes les mères dans ce monde, mais perfectionniste voire comme on dit si bien dans la langue de Shakespeare a control freak.
Car Sonia ne fait confiance à personne, il faut qu’elle soit au courant de tout et qu’elle soit dans la confidence de tout ce qui de près comme de loin touche à ses enfants. Elle se méfie même du monde enseignant. Cette méfiance l’entraîne même à se barricader.
C’est un roman qui se laisse lire et d’une précision chirurgicale. Les scènes sont découpées au scalpel. La structure est en accord avec le récit et donne à ce roman une certaine énergie. On retrouve ici une Alma Brami dans un autre registre, qu’elle manie bien ; sans doute que l’auteure est mère aussi et très à l’aise avec un personnage qu’elle décrit à la perfection.
En partageant avec nous cette histoire, c’est un hommage qu’Alma Brami a voulu rendre d’une certaine manière à toutes les mères. Des mamans qui vont se reconnaître dans ce qu’elle dit sans pour autant s’identifier. Car nous restons dans le domaine de la fiction. Il y a beaucoup de vérité dans ce que l’auteure essaie de nous transmettre même si :
« Toute ressemblance avec des faits et des personnages existants ou ayant existé serait purement fortuite et ne pourrait être que le fruit d’une pure coïncidence ».
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[…] Qui est dangereux ? Comment les reconnaitre ? Ils portent des jeans, des baskets, des cravates. Ils sourient, taillent leurs barbes, mettent du mascara, des collants, sentent le patchouli, le fromage, la bière, le shampoing, le mastic. Partent à la montagne, au soleil, en randonnée. Sont carreleur, avocate, secrétaire, pharmacien. […]
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Un roman donc à découvrir. Ils sont moi, je suis eux, d’Alma Brami est publié chez Mercure de France.
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L’auteur
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Alma Brami est l’autrice de nombreux romans. Sans elle, le premier , a été couronné par plusieurs prix. Depuis , elle a publié notamment J’aurais dû apporter des fleurs et Qui ne dit mot consent. (Sce Mercure de France)
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Par Dominique LANCASTRE
Pluton-Magazine 2024