Du Festival du Marais à l’Abbaye de Vertheuil  « Mozartement Vôtre »

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Par Jean-louis LORENZO

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Le cadre, pour ce concert, n’est pas celui, habituel, des châteaux médocains, même si à l’issue de cet après-midi musical, l’un d’entre eux et non des moindres vient à l’esprit des invités, ou plutôt dans le verre de l’amitié, puisqu’il s’agit du Château Haut-Marbuzet, généreusement offert par son propriétaire, Henri Duboscq, dont l’absence pour cause de santé est bien regrettée. Jean-Paul Choisy, son ami de toujours, lui a consacré un livre,  L’insoumis du Médoc, évoquant l’érudition de cet homme de culture et d’esprit, amoureux de Talleyrand dont il dit lui-même qu’il est probablement « la plus belle intelligence de notre histoire », mais l’ouvrage évoque surtout son attachement à ce prestigieux terroir de Saint-Estèphe, et au métier de la vigne exercé de père en fils (au pluriel) depuis longtemps.

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Détonnant, étrange, drôle : ou la marque Westphal

 

Le jeu théâtral du Quatuor, dont nous sommes invités à suivre en première partie la répétition d’avant spectacle comme depuis l’encoignure d’une porte donnant sur l’arrière- scène pour en surprendre les derniers ajustements, nous laisse à penser que l’adage selon lequel la musique adoucit les mœurs trouve ici la démonstration de ses limites, car il y a de l’électricité dans l’air en effet entre les musiciens. Mais une fois la surprise passée, les rires fusent bien vite parmi l’auditoire, connaisseur très averti des moindres subtilités musicales, car le déballage soudain, inattendu, surprenant même, de toute une chamaillerie sur fond de petites jalousies, de mesquineries, d’ego démesuré, de camaraderie trompeuse… a de quoi désarmer le spectateur qui ne s’attend pas à ça, sauf s’il a pris soin de jeter un œil auparavant sur le texte d’Eric Westphal. En Médoc, on est exigeant et habitué aux concerts de qualité, et gare à la moindre petite défaillance !

Cependant, ce divertissement que l’on nous a offert, « Mozartement Vôtre », théâtre et musique à la fois, créé au Festival du Marais en 1975, a le mérite de replacer le musicien au centre de sa propre nature d’homme, capricieuse par nature. Mais il y va aussi de l’exigence de la perfection et c’est pardonnable. Et justement, il est là le miracle : soudain la musique reprend le dessus, apaisante, fédératrice, les vrais instrumentistes que sont les uns et les autres – nous sommes en deuxième partie – nous donnent le meilleur d’eux-mêmes, dans une fusion totale, on a enfin le concert pour lequel on s’est déplacé et une superbe interprétation de ce quatuor en si bémol majeur K.458 « La Chasse » de Wolfgang Amadeus Mozart.

Quand le comédien révèle le musicien…

Mais on aura applaudi la performance, remarquable, d’acteurs de scène que sont aussi ces quatre compères, musiciens-nés, Roger Germser– Violon-Premier, pendant des années professeur de musique de chambre au CNR de Lyon, fondateur de l’Orchestre Mozart en 2002 ; Stéphane Rougier– Violon- Second, venu du CSNM de Paris, puis exerçant à Lyon, Nancy, à Bordeaux enfin où depuis 2004 il est professeur de violon ; Nicolas Mouret– Alto- Alto, Lyon également qui parallèlement à ses activités de chambriste se produit en soliste, Alto-Solo de l’Orchestre National Bordeaux Aquitaine depuis 1999 et qui enseigne au CNSM de Lyon ; Didier Apparailly – Violoncelle- Solo, le bordelais de naissance, qui après des études musicales à Boulogne-Billancourt, a rejoint l’ONBA, participant à tous les enregistrements discographiques et à de nombreuses tournées internationales sous la direction de Roberto Benzi puis de celle d’Alain Lombard. Professeur au Conservatoire de la capitale Aquitaine, il travaille également avec l’Orchestre national du Capitole de Toulouse.

Et bien sûr, celle qui se partage aujourd’hui entre la musique, le théâtre et le cinéma : Raphaële Germser – metteur en scène (Mademoiselle), qui après le Conservatoire de Lyon, diplômée en Violon-Alto et musique de chambre, s’installe à Bruxelles à l’Institut National des Arts du Spectacle. Puis, pendant une quinzaine d’années, c’est la scène et aussi le cinéma, remémorons-nous « L’Italien » d’Olivier Baroux ou bien encore « Comme des frères », d’Hugo Gélin. Et sur la scène de Vertheuil, on a bien vu combien elle était dans son élément.

Petit bémol, comme quoi lorsque l’on est pris au jeu on peut en abuser : ces quelques longueurs, sans doute, dans la partie « théâtrale » où sketches, réparties, faux départs de l’un ou l’autre des instruments, rire inopiné qui fige soudain les archers… longueur aussi dans l’agencement des chaises des artistes pour l’interprétation de l’œuvre proprement dite, même si cela fait partie du spectacle, on le comprend bien. Bref, la pièce aurait gagné à être un peu resserrée, mais l’auteur aurait grondé. Car, ne l’oublions pas, on est venu pour Mozart et « La Chasse », quelques piétinements perceptibles révélant d’ailleurs une certaine impatience dans le public.

Mais, oui, l’attente a finalement été récompensée, avec une magistrale exécution de l’œuvre saluée par des applaudissements nourris allant du même coup aux acteurs confirmés et pleins d’humour, ça n’aura échappé à personne.

Un Quatuor qui n’attend pas le nombre des années : 13 ans d’âge !

 

 

Le jeune Quatuor de 13 ans d’âge

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Et puis quelle merveilleuse idée de Musique au Cœur du Médoc, que d’inviter désormais, avant chaque concert, des jeunes en formation, en lever de rideau en quelque sorte, manière d’apprécier le travail, la maîtrise acquise, la qualité d’interprétation de la « relève ». Mathilde Portelli ; Victor Gonthier – violon tous les deux ; Daphné Saioud – alto ; et Roxane Fidèle – violoncelle, ont été à l’aise notamment avec l’œuvre de Haydn, 1er et 2ème mouvement de l’Op 42, tous du Conservatoire Régional de Musique Bordeaux Aquitaine et sous l’œil sans concession – l’oreille surtout – de leur professeur, Emmanuel Pesme qui enseigne à Bordeaux depuis presque une vingtaine d’années, il est musicien d’orchestre, joue à l’Orchestre de chambre de Nouvelle Aquitaine, travaille aussi auprès des futurs enseignants de musique.

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Entretien

JLL : Une première, pour ces jeunes virtuoses, ici ?

E.P : Oui, c’est un premier concert pour eux, dans le cadre de Musique au Cœur du Médoc. Mais, autrement, c’est un quatuor qui joue beaucoup aussi en extérieur, ils ont l’occasion de le faire, ça fait quatre ans qu’ils travaillent ensemble, ce sont des élèves qui sont en classe à horaire aménagé, ça veut dire qu’ils ont leurs cours au conservatoire pendant les horaires de classe, ils sont jeunes, 13 ans. Ils sont très sérieux, ils sont passionnés, ils aiment beaucoup la musique, bien sûr, et c’est vrai que le projet du conservatoire est très riche, c’est très motivant pour eux, cette synergie-là, leur propre personnalité aussi, tout cela est très prometteur, oui.

JLL : Et l’équilibre musique-études justement ? Il y a une bonne dizaine de quatuors à l’école, c’est une organisation pointue.

E.P : Oh ça se passe bien ! Ils sont sérieux vraiment. Et puis il est vrai aussi que leurs emplois du temps sont bien aménagés.

JLL : Et ce qu’ils viennent de nous offrir, est-ce leur choix ?

E.P : En fait, ce qu’on a fait, puisque ça arrive en tout début de saison là, on a repris le répertoire de l’année dernière, des pièces de Charpentier et de Mozart, et on avait commencé à déchiffrer un quatuor de Haendel. Je leur ai présenté ça en leur disant que la notion de répertoire chez un musicien est très importante, c’est-à-dire être capable de reprendre des pièces qu’on a déjà jouées, et puis aussi parfois d’en monter très rapidement pour un concert et c’est ce qu’on a fait aujourd’hui. Voyez, ils sont heureux, fiers aussi, quand même c’est normal…

Un peu d’histoire…

Le dépliant pratique qui accompagne celui du programme musical donne envie de flâner dans l’un des plus jolis villages du nord de la Gironde, Vertheuil-en-Médoc, comme préservé du temps, ou plutôt gravé dans le temps, avec son abbaye, son abbatiale fondée avant le XIIe siècle, et son ancien château fort (tour de gué du XIe siècle), un bourg lové dans un superbe écrin de vignobles où l’on peut s’attarder aussi dans le petit musée d’automates et à l’écomusée, retrouver enfin l’histoire du village sur un parcours en dix étapes illustrées de panneaux, photos, documents, gravures anciennes, témoignages de la vie passée…

Rue typique de Vertheuil
Porche roman de l’Abbatiale, d’inspiration saintongeaise

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Jean-louis LORENZO ( Rédacteur et correspondant permanent Bordeaux Aquitaine)

Secrétaire de rédaction Colette FOURNIER (Lyon)

Pluton-Magazine/2018 (Paris 16eme)

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Agenda Musique au Coeur du Médoc

Prochain concert : Christian Morin Quintet pour des mélodies des années 40, de Duke Ellington à Georges Gershwin, le 18 novembre 2018 à 16 heures, Château à Giscours, à Labarde.

Liens utiles : www.vertheuil-medoc.com

MACM, renseignements : 06-07-43-82-92 et 06-08-32-73-77

Et aussi : www.musiqueaucoeurdumedoc.com

Courriel : macm.sec17@gmail.com

(Crédit photos : Jean-Louis Lorenzo)

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