Le prestigieux Prix Bristol des Lumières, qui met à l’honneur, chaque année, l’auteur d’un essai philosophique, politique ou de société, écrit en langue française, auquel s’adjoint depuis l’année dernière la catégorie de « l’essai étranger », a couronné cette année l’anthropologue italien Maurizio Bettini, professeur de philologie classique à l’université de Sienne, pour son ouvrage, l’Éloge du polythéisme, et le philosophe Francis Wolff, professeur émérite à l’École normale supérieure, de la rue d’Ulm, pour son essai,Il n’y a pas d’amour parfait.
Maurizio Bettini , Francis Wolff et Jacques Attali
Deux réflexions nouvelles, voire polémiques, sur notre temps, dans la tradition de l’esprit critique, des libertés et de l’humanisme du XVII° siècle.
Maurizio Bettini, qu’il est difficile de situer (est-il philologue-historien ou latiniste ?) a rédigé un essai qui fait débat en Italie car parler « polythéisme », dans un pays où les monothéistes ne croient pas « pouvoir apprendre quelque chose des religions païennes », est hasardeux, voire provocateur .Pourtant, mettre en lumière les potentialités (réprimées) du polythéisme, donner voix aux réponses que son mode spécifique d’organisation du rapport avec le divin pourrait fournir à certains problèmes auxquels les religions monothéistes – comme nous les connaissons dans le monde occidental ou à travers lui – peinent à trouver une solution, est essentiel. On peut comprendre que tout cela ait créé des conflits religieux, avec pour corollaire l’hostilité, la désapprobation, l’indifférence qui entoure encore, aux yeux des « uns », les divinités honorées par les « autres ». Guerre de religion, guerre de civilisation : « On n’en est pas loin, nous dit l’essayiste, qui en parle en ces termes :
Maurizio Bettini
« Les monothéismes envahissants ont inscrit en nous de telles habitudes de pensée qu’on finit par les considérer comme des vérités extérieures, ce faisant elles nous ont dissimulé plus qu’on ne l’imagine habituellement quelques différences fondamentales des polythéismes ; parce que, simplement, notre investissement intellectuel a été insuffisant ; mais la raison qui me semble la plus importante gît dans cette constatation : on s’est plus intéressé aux dieux qu’au polythéisme proprement dit. »
Alors, serait-il possible de promouvoir certaines attitudes mentales pour rendre plus sereines les relations entre les religions ? La réponse est dans cet essai qui n’est autre qu’un vibrant plaidoyer en faveur de la curiosité religieuse.
L’autre lauréat, le philosophe français Francis Wolff, nous conduit cette année sur les chemins de l’amour. Dans son essai Il n’y a pas d’amour parfait, paru chez Fayard, il tente de définir l’amour à travers les notions de passion, d’amitié et de désir.
Francis Wolff- Jean Jacques Seymour-Francis en interview
Francis Wolff-Géraldine Muhlmann(jury) François de Closets(jury)- Francis Wolff
Son livre s’inscrit dans une lignée de livres de philosophes sur l’amour sortis ces dernières années. Wolff ouvre son essai avec cette phrase : « L’amour est redevenu un sujet pour philosophes. », et il nous parle de « L’amour qui permet de voir l’autre avec sollicitude, bienveillance et compassion. Qui se rattache ainsi à l’altruisme dans la mesure où l’on devient sincèrement concerné par le sort d’autrui et par son propre bien, à l’attachement possessif qui étouffe la résonance positive. Ne pas nourrir de tels attachements ne signifie pas que l’on aime moins quelqu’un, mais que l’on n’est pas préoccupé avant tout par l’amour de soi à travers l’amour que l’on prétend porter à l’autre. »
Et Francis Wolff de conclure :
« C’est parce qu’il est de nature hétérogène, donc instable, qu’il est le moteur tout-puissant de tant d’histoires, grandioses ou banales, dans les littératures universelles et dans nos vies ordinaires. »
Cette année encore, le prix Bristol a été attribué à la suite d’une délibération entre les membres du jury, retransmise en direct sur France Culture, dans l’émission Du grain à moudre, produite par Hervé Gardette.
Galerie photos Prix Bristol des Lumières 2016
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Jacques Attali Président du Prix Bristol des Lumières
Séance photo presse- Catherine Hodoul -Baudry -direction des ventes/marketing /Le Bristol , Francis Wolff , Jeanne d’Hauteserre maire du 8e arrondissement de Paris et Maurizio Bettini , lauréat étranger à droite
Jacques Attali-Maurizio Betti et Jean Jacques Seymour
Jacques Attali et Francis Wolff
Délibération du jury en direct sur France Culture au Bristol Paris
Karine ZIMERAY épouse de son son Excellence Mr l’Ambassadeur de France au Danemark et André Bercoff, membre du jury-Maurizio Bettini et Jean-Jacques Seymour
Maurizio Bettini (lauréat 2016) – Francis Wolff (Lauréat 2016)
Reportage Jean-Jacques Seymour
Secrétariat rédaction: Colette Fournier
Photographe: Romain Nicolas
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Remerciements: Le Prix Bristol des Lumières – Le Bristol Paris