A la rencontre de soi et de l’autre

Par Jacqueline COUTI

 

Prémisses d’une rencontre

 

Se préparer à partager ses recherches s’assimile parfois à s’apprêter pour un premier rendez-vous. On reconnaît qu’il faut pouvoir séduire mais on s’interroge sur la conduite à adopter. Il ne faut pas trop en faire mais il faut en révéler juste assez pour piquer l’attention de son vis-à-vis ou d’un possible partenaire. Quel équilibre fragile ! Comment entamer la conversation afin de susciter un intérêt immédiat et durable ? Pourquoi ne pas commencer par discuter de quelque chose de concret. On peut décrire le contenu de son livre, ensuite parler de sa création et, ce faisant, parler de soi, en passant. On s’interroge pour s’assurer d’avoir la bonne stratégie. On finit par se convaincre du bien-fondé de son choix. Toutefois, quoi que l’on pense, malgré tous les calculs possibles, on se lance dans l’inconnu, dans une prise de contact qu’on espère fructueuse mais qui reste imprévisible.

Notre interlocuteur, lui non plus, ne sait pas trop ce qui l’attend avec la découverte de notre livre Dangerous Creole Liaisons. En premier lieu, pour qu’il se sente plus à l’aise, on va s’attacher à lui parler de ce dernier. Cette étude se plonge dans les écrits du 19e siècle ; elle s’intéresse à la littérature antillaise, ou portant sur les Antilles, née de la plume de colons créoles ou de voyageurs en mal de dépaysement. Ce travail offre un regard qui décortique quelques exemples de cette création littéraire pour enrichir les discussions au sein des études caribéennes. Ces dernières concentrent trop souvent leurs efforts ou leur attention sur le 20e siècle. Mon analyse considère l’imagerie sexualisée du corps féminin transformé en symbole de la nation afin de faire ressortir le caractère politique des œuvres examinées à partir de 1806. Cette approche révèle la façon dont les représentations corporelles des femmes créoles, quelle que soit leur couleur, mettent en scène deux conceptions concurrentes du rapport à la nation. La première, délimitée et restreinte, est celle d’un nationalisme français—local, ancré dans l’idée d’un pur terreau ancestral. La seconde, plus fluide, correspond à une vision d’un nationalisme transatlantique qui situe les Antilles françaises dans une ‘plus grande France’ et qui élargit les notions de frontières.

Ce livre s’intéresse à ce que certains pourraient considérer comme les balbutiements d’une littérature ou une pré-littérature sans intérêt, une littérature trop souvent taxée d’exotisme et de mièvrerie. Et que dire de sa myopie quant à certaines injustices et inégalités sociales voire sociétales ? Après tout, ces productions littéraires, n’ignorent-t-elles pas les aspirations et revendications des descendants d’Africains dont les ancêtres ont été réduits en esclavage et libérés après une âpre lutte ? Ainsi qu’auraient-elles d’important à dire ? Dangerous Creole Liaisons questionne ces a priori. Pour ce faire, cette monographie examine les procédés que les auteurs blancs originaires des Antilles à l’instar des voyageurs de passage utilisent pour construire et manipuler les différences sexuelles et raciales. Cette démarche méthodologique dévoile en quoi leurs contributions souvent biaisées participent à l’élaboration de l’identité nationale française et à sa conception d’appartenance à la nation au 19e siècle. L’un des buts est d’offrir une compréhension plus riche de ces phénomènes tels qu’ils sont perçus de nos jours.

Ce procédé d’investigation souligne l’influence de la littérature des colons et de celle des voyageurs sur la création littéraire du 20e siècle et implicitement du 21e siècle. Pour ce faire, la simple opposition du point de vue des auteurs étudiés n’est pas privilégiée ; elle cède la place à l’exploration d’une mise en dialogue textuelle. Le lecteur découvre tout d’abord les travaux de romanciers créoles tels qu’Auguste Prévost de Sansac, Jules Levilloux, Louis Meynard de Queilhe, ainsi que les travaux d’historiens et d’essayistes martiniquais. Ensuite, il se concentre sur ceux des écrivains non-créoles Jenny Manet et Lafcadio Hearn qui ont résidé en Martinique. Leurs travaux sont mis en contraste avec une tradition littéraire inaugurée par les colons pour en dégager l’influence. Le dernier romancier blanc créole examiné, René Bonneville, s’attaque à cette littérature coloniale. La façon dont tous ces écrivains entre en conversation les uns avec les autres et négocient leur vision de la nation française ainsi que leur place dans cet espace s’impose à l’esprit. Leurs écrits sont traités comme une fabrique coloniale et transatlantique de savoir qui véhicule des préjugés souvent nocifs concernant les Antilles et les Antillais d’ascendance africaine. Ces conceptions biaisées génèrent de dangereuses liaisons entre nationalisme et sexualité qui persistent encore.

Hearn, un auteur transatlantique qui a enthousiasmé bien des lecteurs américains et français, fut un voyageur qui a inspiré des écrivains antillais comme les Martiniquais Aimé Césaire, Raphaël Confiant et Patrick Chamoiseau ou encore le Guadeloupéen Daniel Maximin. Toutefois, les représentations de la femme créole chez Hearn demeurent problématiques car elles se retrouvent prédéterminées par le discours d’auteurs blancs créoles ou d’autres voyageurs. Hearn cite abondamment ces derniers comme le signalent ses notes de bas de pages. Ces lectures ont conditionné son écriture et sa vision de la Caraïbe et la Martinique ; mon livre se penche sur cet aspect des essais de Hearn qui reste peu étudié.

 

Rencontre de l’autre et rencontre de soi dans l’écriture et la lecture

 

Quelles sont les motivations qui poussent à écrire une monographie telle que Dangerous Creole Liaisons, une analyse qui s’attaque à un certain statu quo ? Dans le milieu académique, les publications, et de surcroît celles considérées originales, sont importantes certes. Toutefois pourquoi s’atteler à une tâche aussi ambitieuse ? Pourquoi écrire en anglais si on vise avant tout à mettre son travail à la portée de tout un chacun ? Dans les pays anglophones, les études coloniales et postcoloniales sur la Caraïbe sont particulièrement actives. D’un point de vue pragmatique, dans un monde en pleine globalisation, il fait sens de rédiger en premier lieu en anglais. Toutefois, il est certain que mon étude sera aussi traduite en français pour en faciliter la diffusion et établir un dialogue aussi large que possible. En effet, l’analyse critique doit devenir une rencontre avec l’autre, une invitation à participer à une conversation et un échange. C’est en ce sens que Dangerous Creole Liaisons a été conçu. Faciliter le premier contact entre lecteurs et cet ouvrage encourage une plus grande démocratisation du savoir et de la réflexivité qu’il implique—un processus de transformation qui modifie la manière de (se) penser et de concevoir sa société et le monde.

Les rencontres stimulent parfois les moments de création les plus profonds ; la Caraïbe, espace qui a vu un saisissant déplacement de populations et de cultures, offre un parfait exemple des ramifications de ces mises en présence contrastées de divers individus, sociétés et connaissances. Toutefois, quand on traite de la Caraïbe, on s’intéresse également au monde dont cet espace tropical est représentatif. Ainsi, la rencontre caractérise la création de cultures créoles des Antilles. En effet, cette notion a interpellé plus d’un penseur. Edouard Glissant suggère par exemple le lien étroit entre la rencontre (de l’autre et de soi), le monde, la poésie et la politique. Ainsi, Glissant explique :

S’agissant de poésie et de politique, je crois avoir toujours obéi à un instinct qui me portait d’abord à considérer que l’objet le plus haut de la poésie était le monde : le monde en devenir, le monde tel qu’il nous bouscule, le monde tel qu’il nous est obscur, le monde tel que nous voulons y entrer. En matière de politique, ma référence la plus haute était aussi le monde, non pas le monde conçu comme l’internationale des prolétaires, mais comme lieu de rencontre, de choc des cultures, des humanités. Bien évidemment, la rencontre la plus fondamentale fut le colonialisme. Il fallait régler d’abord le problème du colonialisme, celui d’une situation que l’on avait hérité depuis le xix ème siècle, qui faisait coexister des nations colonisées, opprimées et des nations colonisatrices.i 

L’idée du colonialisme et de la colonisation comme une mauvaise rencontre se dégage ici : une mise en contact dont on ne peut effacer l’existence car on en subit encore les conséquences. Dès lors, se trouver face à l’autre se réduit à une confrontation avec un monstre né des pires cauchemars ; trop souvent l’issue en reste incertaine. Dans des structures de pouvoir et d’oppression héritées du système colonial, la violence, la résistance et la survie entraînent des comportements qui se révèlent parfois loin d’être glorieux, tout aussi bien chez l’oppresseur que chez l’opprimé. Ainsi rencontrer le monstre chez l’autre, c’est parfois découvrir la bête nichée en soi.

Dans cette vision de la mauvaise rencontre quelque chose vient à manquer. On peut ignorer la possibilité, aussi ténue soit-elle, non pas de remettre en question la rencontre, mais de plonger au plus profond de celle-ci et, de soi-même, afin de pourfendre des dragons et combattre l’infamie. Il faut que le lecteur qui s’investisse dans un monde souvent étranger en ressorte grandi. Il n’aura pas simplement découvert quelque chose sur cet univers étrange et étranger mais également sur lui-même. Cette réflexivité motive mes recherches, mes lectures et mon écriture ; ce phénomène transformateur, je voudrais que d’autres en fassent l’expérience. La remise en question de certaines certitudes, le corps à corps avec certaines questions difficiles ne peut qu’enrichir l’esprit et les modes de pensée.

 

Ecriture des blancs créoles et voyageurs

 

Etudier les écrits de blancs créoles et voyageurs provoque une telle réflexivité. On ne peut concevoir l’identité noire ou le fait de se voir comme noir (fait, qui pour un individu de couleur, est extrêmement complexe) sans savoir ce que veut dire être blanc. En effet, la rencontre coloniale a fortement joué sur la notion de l’identité dite noire. En un mot, l’homme noir est devenu noir après sa rencontre avec l’homme blanc. L’individu extirpé du continent africain contre son gré se percevait et se décrivait souvent à l’origine comme un membre d’une communauté tribale, d’une nation vue en terme anthropologique, que comme une personne définie par la couleur de sa peau ou ses origines africaines. Pour ce déraciné, l’identité et les origines avaient trait à ses ancêtres, à ceux de son groupe ethnique et il ne se considérait pas comme le représentant d’un continent.

Des chercheurs de langue française comme Jack Corzani, Régis Antoine et Auguste Joyau ont les premiers, entre les années 1970 et 1980, proposé des panoramas littéraires qui révélaient l’existence de la littérature des blancs créoles à un plus grand public. L’universitaire martiniquais Roger Toumson fit de même à la fin des années 1980. Récemment, des chercheurs anglophones tels que Roger Little, Chris Bongie et Maeve McCusker rappellent l’importance d’examiner avec plus de profondeur de tels textes. Ainsi, malgré leur parti pris et leurs préjugés, les lettres et les mémoires d’un blanc tel que Pierre-Marie-Dieudonné Dessalles (1785-1856) restent une source d’informations sur la société de l’époque pour ceux qui savent déchiffrer ses écrits. Cet homme, né dans une famille de planteurs de la Martinique, suggère entre autres qu’il traite bien et même mieux ses esclaves que la plupart de ses congénères.ii Il remarque aussi que ses travailleurs serviles doivent être parfois sévèrement punis mais seulement en cas de fautes graves. Concernant ces manquements à l’ordre établi par le maître, le lecteur averti peut douter du bienfondé de la conception paternaliste de Dessalles. Toutefois quand ce propriétaire de plantation s’interroge dans ses lettres en 1823 sur le suicide de certains de ses esclaves qui, selon lui, sont tous bien traités, ses réflexions ne peuvent qu’interpeller.iii Cette énigme macabre perturbe un peu Dessalles, mais son malaise ne le pousse pas pour autant à rechercher les causes véritables de ces morts.

Pour lui, le système esclavagiste fait sens. Dès lors, ses esclaves ne peuvent qu’être blâmés pour leurs soi-disant tendances suicidaires. Les questions que Dessalles se posent et les conclusions qu’il en tire, font ressortir le gouffre qui existe entre l’expérience du maître et celle de l’esclave. Le motif du suicide signale la sévérité d’un système au sein duquel les plus opprimés ne voient que la mort comme issue. Le but ici n’est pas de discuter le bienfondé de ce geste mais de souligner que pour certains, cet acte restait la seule porte de sortie. Le suicide tout comme l’infanticide ou l’avortement en milieu plantationnaire reste un sujet controversé. Dessalles déplorait ces décès également à cause de la réduction de main d’œuvre qu’ils généraient. Même sans connaître les raisons exactes qui poussaient un individu à préférer la mort, on peut quand même déduire de son geste, que celui-ci soit un signe de défiance ou de désespoir, qu’il ne voulait plus vivre dans de telles conditions. Néanmoins, Dessales conçoit difficilement que la brutalité du système colonial puisse pousser un individu à se tuer. Son parti-pris expose le caractère pernicieux de la violence de cette société esclavagiste.

De plus, la paranoïa de planteurs tel que Dessalles concernant le poison et les incendies pour lesquels les noirs auraient eu une prédilection, du fait d’un soi-disant désir, nourri par une malice infernale, de faire du mal, demande réflexion. Certains écrits coloniaux suggèrent que les Africains transplantés de force et leurs descendants, bien que réduits en esclavage et malgré le système répressif dans lequel ils vivaient, pouvaient faire preuve d’une certaine autonomie, même restreinte. Ces êtres humains n’étaient pas simplement des bêtes abruties par le système mais ils savaient en tirer profit dès que possible, même si cela était rare. L’oligarchie blanche, quant à elle, se targuait de connaître et maîtriser les modes de pensée des individus qu’elle avait réduits en esclavage. Néanmoins, les écrits de colons trahissent fréquemment la peur et l’incompréhension que la conduite des esclaves génère. La description des relations entre Dessalles et ses esclaves souligne ce point. Ainsi, lire les écrits des créoles blancs est utile car souvent ce qui importe n’est pas tant ce qu’ils disent mais ce qu’ils passent sous silence. C’est ce type de décalage que Dangerous Creole Liaisons examine au fil de la découverte de chaque auteur et de leurs ouvrages.

 

Rencontres intertextuelles

 

Certaines rencontres inattendues s’avèrent fructueuses. Alors que je cherchais l’un des romans-feuilletons de René Bonneville, Le triomphe d’Eglantine, dans l’un des microfilms de la bibliothèque Schoelcher qui reproduisait les numéros du journal Les Colonies de 1897, j’ai trouvé celui de Jenny Manet, Maïotte. Cette femme de lettres se présente, dans une de ses lettres, à ses lecteurs comme « une européenne » (vraisemblablement une française). Constituer une édition critique de Maïotte qui a été publiée en 2014 par l’Harmattan, m’a montré que Manet, à travers ses écrits et sa reconstruction de la Martinique, a influencé Bonneville.iv J’ai pu remarquer les profondes ramifications des négociations entre Maïotte et Le triomphe d’Eglantine. La juxtaposition de ces romans-feuilletons dans le troisième chapitre de Dangerous Creole Liaisons expose des relations intertextuelles inconnues.

Maiotte.-libre

Ces découvertes m’ont rappelé que si des pans du passé demeurent obscurs, ce dernier se manifeste à nous de façon variée et imprévue. Ne pas trouver de trace écrite, telles des lettres ou mémoires d’esclaves, ne veut pas dire devoir réinventer le passé parce que l’on pense faire face à l’impossibilité de le reconstituer sans ces témoignages perdus. En fait, il faut penser différemment la manière d’étudier d’autres types de documents qui pourront être utilisés comme des archives. Nous savons qu’il y a des « trous historiques » mais nous basons certaines de nos idées sur ces manques, avérés ou non. Ainsi, l’on peut penser, par exemple, qu’avant le 20e siècle la littérature antillaise, particulièrement celle créée par les auteurs antillais de couleur, n’existait pas. L’examen de journaux de l’époque démontre le contraire. Un poète de couleur comme le martiniquais Victor Duquesnay publiait déjà ses poèmes dans le journal Les colonies dans les années 1890. Les romans et les essais n’ont cependant pas toujours été publiés en volume. Ainsi, les journaux se révèlent une source encore inexplorée de la création littéraire aux Antilles que mes travaux valorisent.

Mon approche théorique voit la fusion de mon amour pour la littérature et l’histoire. Cette association encourage la mise au jour de voix qui ont été oubliées ou effacées. Ce travail n’aurait pas été possible sans une recherche poussée dans les archives, que ce soit celles départementales de la Martinique, de la bibliothèque Schoelcher de Martinique ou les archives nationales d’Outre-Mer à Aix-en-Provence. Appliquer un cadre socio-historique à l’exploration de textes et de périodes méconnus donne lieu à un meilleur ancrage de la littérature étudiée dans son temps. L’accès à de nombreux ouvrages historiques qui traitent des Antilles facilite une meilleure compréhension des aspects politiques de certaines productions littéraires.

L’idée de rencontre se retrouve au cœur de ma démarche théorique. Mon raisonnement entrecroise plusieurs disciplines et s’inspire des études féministes et de genre, postcoloniales, historiques, anthropologiques, entre autres. Les outils conceptuels qu’offrent les domaines de la théorie critique et des théories sociales permettent d’examiner plus finement les questions de race, de genre sexuel, de classe et leur construction dans une société donnée. Ces instruments et concepts théoriques souvent empruntés aux sciences sociales aident à repenser, réinterpréter et recadrer les problèmes et les rapports sociaux entre individus et diverses communautés, ainsi que les structures de pouvoir et d’oppression dans une société donnée.

 

Rencontre, style d’écriture et chaos

 

Ainsi mon écriture évolue en un entrelacement de voix et de points de vue qui fusionnent. Cet entrelacs reflète un projet qui s’occupe des conséquences de l’intertextualité et de la manière dont les textes et les idées sont connectés, se font écho, et se répondent. Ce dialogue représente une étrange négociation qui me fascine et qui se retrouve au sein même de mon discours. La prise de corps de ma voix ne s’est pas effectuée sans bouleversement et commotion. Le chaos qui a donné naissance à Dangerous Creole Liaisons correspond à un ordre avec sa propre logique qui se manifeste de façon imprévisible ; c’est un ordre qui est à la recherche de lui-même. Chaotique ne veut pas dire sans raison. Mon écriture incarne une théorie du chaos caribéen qui insiste sur la nécessité de contester ce que l’on croit savoir à propos des cultures de la Caraïbe et de sa littérature. C’est aussi pourquoi j’ai décidé d’examiner les écrits d’auteurs blancs créoles pour explorer ce qui dans leur discours peut avoir créé certaines conditions, des éléments dont on avait jusqu’alors aucune conscience et, qui peuvent, aussi étonnant que cela puisse être, expliquer les aspects et caractères de la littérature et culture antillaises contemporaines.

Tout cela pour dire, qu’avant d’écrire, j’ai entrepris une quête de savoir à la découverte d’un monde inconnu et cette entreprise m’a grandie. Je voudrais qu’il en soit de même pour quelqu’un d’autre. Aller à la recherche d’autrui, c’est aussi aller à la rencontre de soi ; c’est interroger ce que l’on pense savoir et découvrir ce que l’on ignore. Lors de mes recherches, les rencontres, qu’elles soient bonnes ou mauvaises, n’ont fait que fortifier mon désir d’aller jusqu’au bout de mon exploration. C’est tout le mal que je souhaite au lecteur de Dangerous Creole Liaisons.

i Philippe Artières, « Solitaire et solidaire » Entretien avec Edouard Glissant, http://terrain.revues.org/1599

ii Dessalles, Pierre, et Henri Frémont, La vie d’un colon à la Martinique au XIXème Siècle. Courbevoie (51, rue de Visien 92400: H. de Frémont, 1980).

iii Dessalles, P., Forster, E., & Forster, Robert. (1996). Sugar and slavery, family and race : The letters and diary of Pierre Dessalles, planter in Martinique, 1808-1856 (Johns Hopkins studies in Atlantic history and culture). Baltimore: Johns Hopkins University Press. 14-15, 58-59,

iv Jacqueline Couti, ed. Maiotte (1896). Ecrit par Jenny Manet. Paris: L’Harmattan, Autrement Mêmes, 2014. Voir les lettres de lecteurs dans et le chapitre 3 sur René Bonneville dans Dangerous Creole Liaisons.

Jacqueline Couti

Jacqueline Couti est enseignante-chercheuse à l’université du Kentucky, Lexington, USA. Elle spécialise ses recherches dans les littératures et cultures francophones des anciennes colonies françaises des Amériques, de l’Afrique du nord et de l’ouest. Elle se consacre aux questions de genre, de sexualité, d’identité et de nationalisme. En mai 2014, L’Harmattan a publié dans la série Autrement Mêmes, son édition critique de MAÏOTTE : Roman Martiniquais inédit de Jenny Manet. En mai 2016, Liverpool University press va publier Dangerous Creole Liaisons: Sexuality and Nationalism in French Caribbean Discourses from 1806 to 1897. Elle travaille aussi sur un second manuscrit intitulé Sea, Sex, Self : Sexuality and Nationalism in French Caribbean Discourse from 1924 to 1948. 

Ses dernières publications comprennent: “La Doudou contre-attaque: Féminisme noir, sexualisation et doudouisme en question dans l’entre-deux-guerres,” Comment s’en sortir. Du côté obscur : Féminismes Noirs/From The Dark Side: Black Feminisms (2015): 111–39; “The Mythology of the Doudou: Sexualizing Black Female Bodies, Constructing Culture in the French Caribbean,” Provocation: A Transnational Reader in the History of Feminist Thought. Oakland: University of California Press, 2015. 131–43; “Birthing Chaos: Two-Faced Women, Cultural Conflict and Betrayal in Créoliste Writings,” Critical Perspectives on Conflict in Caribbean Societies of the Late 20th and Early 21stCenturies, Cambridge Scholars Publishing, 2015. 31–50.

 

©Pluton-Magazine

Secrétaire de rédaction: Colette Fournier

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