La biotechnologie cubaine: une vitrine des produits de santé

Par Jean-Jacques SEYMOUR

En dépit de ses difficultés économiques, Cuba a massivement investi dans la médecine et les biotechnologies. Son expertise dans le domaine des vaccins est mondialement reconnue, au point d’intéresser des partenaires internationaux, notamment français. Le CIGB (Centre de génie génétique et de biotechnologie) fondé à La Havane en 1983, compte parmi les plus importants laboratoires de recherche au monde, avec 1 400 chercheurs et plus de 800 brevets.De quoi faire pâlir de jalousie les scientifiques du monde entier.

La pharmaceutique et la biotechnologie cubaines constituent la deuxième ligne d’exportation pour le pays .A titre d’exemple, le Centre de génie génétique et de biotechnologie (CIGB) a rapporté plus de 100 millions de dollars à l’économie nationale. Mais au-delà de fournir des revenus importants, des dizaines de produits biotechnologiques cubains ont une valeur sociale inestimable car ils contribuent à l’établissement du diagnostic, à la prévention et aux traitements de plus de vingt maladies .Ces dernières années, plus de 40 nations se sont rendues à la Havane pour en voir les applications médicales et en discuter.
C’est que la force de l’industrie biotechnologique cubaine réside dans son intégration au pays, certes, mais aussi dans sa capacité de transférer très vite la technologie à d’autres États. Ainsi le CIGB a-t-il délivré quelques 900 brevets à 35 nations. Rien d’étonnant : le système de santé cubain répond aux normes les plus élevées dans le monde.

Une vitrine des produits de santé

Les institutions scientifiques cubaines et les centres responsables des enquêtes et des examens pour la fabrication de remèdes et de traitements pour divers maux et maladies ont permis ces dernières années une analyse très approfondie de différents sujets comme la biologie du cancer et son traitement, l’inflammation, l’auto immunité, la protéomique, la pharmaco génomique, la bio-informatique, la neuro dégénérescence, des avancées thérapeutiques anti infectieuses dans les maladies cardiovasculaires et auto-immunes, alignées sur la découverte de nouveaux médicaments.
Un exemple, fruit de seize années de recherches, le vaccin Cimavax contient la protéine recombinante EGF (facteur de croissance épidermique) et vise à stimuler la production d’anticorps contre ce facteur qui peut contribuer à la croissance du cancer. Cuba est une vitrine des produits de santé ayant un impact sur la qualité de la vie et le salut de millions de personnes sur la planète.
Un programme national de recherche multidisciplinaire a développé des thérapeutiques contre la dengue et le VIH Sida.
Un résultat très important a été obtenu grâce à Heberpot .P, un médicament cubain unique au monde, utilisé dans le traitement de l’ulcère du pied diabétique et qui a permis d’éviter l’amputation du membre inférieur dans la plupart des cas .Avant, il n’existait aucun traitement pour les ulcères avancés, ce qui rend ce produit sous brevet cubain unique et sans équivalent dans le monde. Aux États-Unis, où sa vente est impossible du fait des restrictions commerciales, le diabète conduit chaque année à l’amputation de plus de 80 000 personnes.
Les réussites scientifiques cubaines sont d’autant plus admirables qu’elles sont obtenues contre vents et marées : les fournisseurs des équipements techniques et des agents chimiques nécessaires pour la recherche, doivent surmonter les nombreuses barrières à l’exportation vers la plus grande île des Antilles.
Ainsi, le traitement du vitiligo (dépigmentation de la peau) consiste surtout en l’application d’une lotion tirée de l’alcool du placenta humain qui permet d’augmenter la reproduction de mélanocytes et d’accélérer le processus de production de mélamine à l’intérieur de celui-ci. Ce médicament unique au monde est prescrit par un médecin après examen du patient.

Prudent sur le SIDA … mais…
Développé par le CIGB, Teravac -Vih-1 a déjà reçu l’approbation des autorités réglementaires cubaines pour lancer la phase première des essais cliniques avec un petit nombre de séropositifs en début de maladie. Il est cependant important d’être prudent afin de ne pas transmettre de faux espoirs aux malades ainsi qu’à leurs familles .Néanmoins, un vaccin sera testé dans un cadre thérapeutique, avec l’espoir de détruire les cellules infectées.
Aujourd’hui, l’île investit plus de 200 millions de dollars par an dans des programmes de promotion, de prévention et de prise en charge des patients atteints du SIDA, avec des médicaments antirétroviraux produits dans le pays.
Récemment, on a révélé l’existence de vaccins contre l’asthme et l’hépatite C et la réalisation d’essais cliniques en vue de l’approbation du vaccin cubain contre la méningite de type B. Un accord souscrit avec CancerVax Corp. aux États Unis, a rencontré certaines difficultés dues au bureaucratisme et aux problèmes d’ordre financier existant dans ce pays.
Cuba a par ailleurs attiré l’attention de la communauté internationale sur l’utilisation de remèdes naturels, comme le venin de scorpion qui a donné des résultats positifs dans le traitement du cancer.

Des citoyens de la planète entière utilisent la pharmacie cubaine qui a atteint de nos jours une renommée internationale. Pourquoi la biotechnologie cubaine est-elle porteuse d’avenir ?

Les autorités cubaines estiment que nous sommes tous concernés en premier lieu par les différents types de produits susceptibles de sauver des vies – aussi bien dans le monde occidental que dans les pays émergents – en second lieu, par le maintien d’une relation équilibrée entre les scientifiques et les entreprises, enfin par le fait de travailler dans un environnement de partage et de respect mutuel, à plus forte raison quand nous nous attaquons ensemble à de nombreuses maladies mortelles pour le bien des patients, qu’il s’agisse du VIH/sida, de la dengue ou du virus Ebola. La force de frappe est considérable : si chacun fait preuve d’ouverture d’esprit au-delà des simples questions d’opportunités économiques, des initiatives innovantes et créatives en matière de biotechnologie et de santé verrons très certainement le jour à l’avenir. Aujourd’hui, Cuba travaille avec une liste de plus de 1 000 médicaments différents, dont 87 % sont produits dans le pays même. Comme Cuba ne dispose pas de sa propre industrie chimique, le pays reste dépendant de l’importation des matières premières de base. Les autorités considèrent la mise en place d’une production propre de matières premières pour l’industrie pharmaceutique comme l’un des principaux défis de l’avenir.
Une recherche scientifique des besoins, une production calquée sur ces besoins et une consommation rationnelle des médicaments sont trois données clés de la politique cubaine des médicaments, la plus en pointe dans le monde.

Jean-Jacques SEYMOUR est journaliste , écrivain animateur radios et télévisions. Il vient de publier Haiti: La diplomatie des fondateurs. Retrouvez Jean-Jacques Seymour du lundi au vendredi de 12H à 12H 30 sur 92.6et le soir de 21 à 22H dans Laisse Parler les Gens.

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