Originaire de la Bretagne, Patrick Prigent fait une halte dans Une Promenade en poésie 2017. Patrick Prigent vit et travaille en Bretagne, région qui influence fortement le fond de son écriture, dont il revendique la recherche formelle.
Et puis l’envol.
(Premier recueil. Editions des Vanneaux 2015. Extraits)
1.
Je parle sans mémoire
d’un temps qui la précède
m’incarnent les parages
du lieu qui reste à dire
2.
On entre dans la pierre
par les détours soyeux
d’un vif éclat de lune
sur le sable mouillé
3.
Mains ouvertes du gel
sur le plat-bord des barques
la paume vers l’écharde
le dos jonché d’étoiles
4.
La nacre où gît l’éclair
d’une coquille d’huître
entaille les deux faces
d’un miroir phréatique
5.
L’eau et l’algue partagent
d’incurver vers plus bas
où déviée la lumière
oeuvre à la transparence
6.
Bleue l’aiguille des pins
l’odeur lente des pluies
interlignes sonores
d’un dialogue inaudible
(Second recueil. Editions La Centaurée 2016. Extraits)
Patrick Prigent vit et travaille en Bretagne en tant qu’auxiliaire de vie scolaire. Après avoir vécu en Irlande de sa musique avec un répertoire de chansons traditionnelles et de compositions, ses chemins l’ont conduit en Guyane où il a travaillé dans le bâtiment. Son métier, celui qui l’a fait vivre le plus longtemps, est celui d’ouvrier spécialisé dans la taille et la pose de pierre. Ce parcours en zigzag qu’il considère comme une richesse, l’a petit à petit amené vers l’écriture.
Ses premières amours littéraires allèrent aux écrivains voyageurs tels que Jack London, Conrad, Stevenson, Hemingway… Puis, il y eut le choc de la rencontre avec la poésie contemporaine. Guillevic, Cadou, naturellement proches de ses origines et de son environnement breton, puis René Char et Jacques Dupin dont il fut profondément marqué, au point de devoir « s’en défaire » avant d’oser lui-même commencer à écrire.
Se refusant à s’inscrire dans un style particulier, expression dont il se méfie, il considère la poésie comme le prolongement d’une attention au monde.
Attiré par la nature, thème de prédilection, il travaille ses phrases dans un souci d’élagage et de concentration du texte, loin de toute recherche de joliesse. D’où cette forme en quatrains ou en tercets, tirant parfois vers le haïku tout en refusant la rigidité de leurs codes.