Parmenidês:Présidentielles françaises 2017, la déchirure

Dans le cadre des élections présidentielles 2017, nous publions les plus belles lettres ou les réactions des internautes qui appellent à prendre ses responsabilités.

Marie-Andrée CIPRUT, psychologue-psychothérapeute martiniquaise, co-fondatrice en 1995 et ancienne responsable clinique de l’association « Pluriels », (Centre de Consultations ethno psychologiques pour Migrants) à Genève, donne son avis.

 

« Je ne suis pas une femme politique, mais une militante des Droits Humains. » Marie-Andrée CIPRUT.

 

« Je ne manque pratiquement aucune occasion de voter par respect pour ce droit fondamental si difficilement acquis. Citoyenne de la Confédération Helvétique depuis bien longtemps, je n’ai pu m’y exprimer dans les urnes qu’à partir du 7 février 1971, date à laquelle le pays a enfin donné le droit de vote aux femmes au niveau fédéral, et je ne l’oublie pas. D’ailleurs, en tant que binationale, j’ai de quoi faire : entre les votations suisses, − assimilables à des référendums −, et les multiples votes français, mon agenda déborde ces derniers temps !

L’entre-deux tours présidentiel 2017 nous apporte la peur, la haine et l’incertitude. Nos candidats se déchirent, nos consciences se déchirent, la France se déchire… Nous devrions relire la belle fable de Jean de La Fontaine : « les animaux malades de la peste » avant de nous interroger :

Que faire le 7 mai prochain ? Choisir « entre la peste et le choléra » : quel dilemme !

Le peuple français, et moi avec, en a assez de devoir se prononcer « contre » le pire et non « pour » le meilleur !

Lors de la primaire de la droite, j’ai voté contre le stress et le clivage qu’installerait une nouvelle présidence de monsieur Sarkozy.

Au premier tour des élections, j’ai voté contre la présidence de Monsieur Fillon, dont la froide arrogance, le mépris de la justice et la mauvaise foi m’ont tour à tour atterrée puis révoltée.

 

Au deuxième tour dimanche prochain, je ne voterai pas « Nul », je ne voterai pas « Blanc », je ne voterai pas non plus pour Madame Le Pen.

 

Jamais je ne donnerai quitus à quelqu’un de raciste, de xénophobe, qui a troqué le franc-parler de son père contre un discours de façade apaisé, soi-disant proche du peuple, pour faire passer son héritage de négationnisme, de rejet et de mépris de l’Étranger, enrobé dans des gants de velours ! Jamais je ne m’allierai à une protectionniste qui veut fermer ou taxer nos frontières, à la manière du mur que veut construire Monsieur Donald Trump aux Etats-Unis d’Amérique. Jamais je ne pourrai cautionner une personne qui confond islamisme et religion musulmane, qui s’approprie la souffrance, la rage des sans voix, pour les prendre en otage et se présenter comme leur porte-parole. De plus, j’ai honte de penser que la première femme à avoir des chances d’être élue pour représenter la France, porte des valeurs homophobes, antidémocratiques, antieuropéennes, anti immigrés.

 

Non, elle n’aura pas mon vote ni ma voix !

 

De l’autre côté, il y a Monsieur Macron, qui se dit ni de droite, ni de gauche, ce qui installe un flou abyssal. Il devra donc faire un sacré grand écart pour satisfaire et la droite et la gauche, ce qui tient d’une prouesse contorsionniste. Avec son programme économique et social néolibéral, il sera très vite confronté à des manifestations syndicales et des protestations de rue, car il semble vouloir résoudre les immenses problèmes économiques, en ne modifiant la loi travail, par exemple, que pour en accentuer les défauts.

Oui, il aura mon vote mais pas mon blanc-seing, pas ma voix !  »

 

 

 

BIOGRAPHIE

 

Marie-Andrée CIPRUT, psychologue-psychothérapeute martiniquaise, co-fondatrice en 1995 et ancienne responsable clinique de l’association « Pluriels », (Centre de Consultations ethno psychologiques pour Migrants) à Genève, nage dans l’Interculturel depuis l’enfance. Après des études secondaires à Paris, un double cursus universitaire à Genève : Ecole d’Interprètes, puis faculté de psychologie avec Jean Piaget, elle a pratiqué comme traductrice Français-Anglais-Espagnol, enseignante de Français pour étrangers, avant d’ouvrir un cabinet de psychologie clinique parallèlement à sa collaboration avec une psychanalyste bilingue de Bâle.

De retour à Genève, elle a animé des groupes thérapeutiques et exercé comme Co-thérapeute en ethnopsychiatrie, donné des cours sur l’Interculturel à l’université de Genève. Elle intervient dans des colloques nationaux et internationaux, mais se consacre principalement à l’écriture.

Ancienne présidente de l’AGRAF (Association Gessienne contre le Racisme et le Fascisme), elle est au conseil d’administration du CCFC (Club Culturel Franco-Caraïbe, Paris).

 

Publications

 

  • De l’entre-deux à l’interculturalité : richesses et embûches de la migration (Dir.), Itinéraires n°60, IUED Genève, novembre 2001.
  • Outre Mère, Essai sur le métissage, L’Harmattan, novembre 2004.
    Inspiré de ce livre, un documentaire sur les métissages de 27’:
  • « Les couleurs de Midou » fut produit par la Télévision Suisse Italienne et diffusé en octobre 2005.
  • « L’orchestration des « moi » ou le banian identitaire » in Recherches Haïtiano-antillaises, N° 4 : La Caraïbe entre Histoire et Politique, (Coll.), L’Harmattan, juin 2006.
  • Migration, Blessure psychique et somatisation (Dir.), Médecine & Hygiène, Genève, mars 2007.
  • Flore de femmes, féminitude et influx migratoires, Ibis rouge, septembre
  • La vie à pile ou face… ou le goût des Autres, Ibis rouge, février 2012.
  • « Métissage culturel et adoption : coutumes, politiques et variations identitaires » in Denis GAGNON et Hélène GIGUÈRE (dir.), L’identité métisse en question : stratégies identitaires et dynamismes culturels, Québec, Presses de l’Université Laval., 1er trimestre 2012.
  • « Le banian identitaire antillais : formation et analyse de l’identité créole», in L’autre, Cliniques, Cultures et Sociétés, revue transculturelle, La pensée sauvage éditions, Vol. 13, N°1, mai 2012.
  • « Identité banian de la Caraïbe : formation, transformations et expansion », in revue Sens-Dessous N°13, Le Propre, (Association Paroles édition),  janvier 2014.
  • Un racisme en Noir(e) et Blanc(he), Fortuna éditions, février 2015.
  • « Saint-Pierre sur Léman ou les Alpes tropicales, constructions identitaires et relation dans l’altérité visible des couples mixtes », in Edilivre, L’esthétique de la résistance et de la relation dans les littératures africaine et antillaise, octobre 2015.

Distinctions

  • Prix de la littérature d’outre-mer décerné par la ville de Saint-Cyr-L’Ecole lors de la 3ème édition de son salon « Des livres & Vous » pour : Outre Mère, essai sur le métissage, mai 2014.
  • Sélectionnée par le Prix littéraire Fetkann Maryse Condé 2015, catégorie Mémoire, pour : Un racisme en Noir(e) et Blanc(he), Fortuna éditions, février 2015.

 

 

 

Marie-Andrée Ciprut:2 mai 2017

Propos recueillis par Dominique LANCASTRE

Pluton-Magazine/2017

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