Le bonheur : l’insaisissable élixir de la vie

.

Par Georges COCKS

.

Il y a déjà eu tellement d’écrits, de citations, de conférences, de débats sur la question du bonheur et pourtant cet état semble insaisissable et de plus en plus lointain à chaque lever du soleil. Chaque matin éloigne un peu plus la béatitude des rives de la vie, dont les berges restent chargées de regards hagards, et quelquefois, les radeaux d’illusions qui ont pu prendre le large coulent après quelques miles. On définit le bonheur comme un état de bien-être caractérisé par une relative stabilité, par des sentiments allant du simple contentement à une joie de vivre profonde et intense, et par le désir naturel que cet état se prolonge.

À chacun son bonheur

Combien y a-t-il de bonheur ? Autant que d’habitants ?

L’homme semble avoir les clés de tout. Les solutions à tous les problèmes de son espèce. Il soigne quand ça va mal et répare le mal qu’il cause avec un pansement miracle : le bonheur. Un tour d’horizon dans le monde nous permet de nous interroger sur la question. Le bonheur appartiendrait-il à l’homme ? Notre société par son fonctionnement et ses orientations ne semble pas plus que cela se préoccuper du bonheur des autres, mais démontre sa capacité à profiter du bonheur de l’autre jusqu’à l’en priver pour bâtir le sien. Il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir est une citation d’origine biblique souvent répétée, mais d’une incohérence totale dans une société qui cultive un champ d’égoïsme à l’échelle planétaire.

Ne mettez jamais la clé de votre bonheur dans la poche de quelqu’un d’autre.

Peut-on être heureux seul ? Le bonheur et la solitude ne riment pas. Nous parlons ici d’un isolement complet de tout contact avec la société et la famille. D’ailleurs, les études psychologiques et sociologiques encouragent fortement la vie communautaire, la connexion et la mixité entre les individus pour un bon équilibre mental et affectif. Vivre sur son île en Robinson est tout simplement suicidaire. Notre bonheur dépend toujours d’une source extérieure. Le nombre croissant de divorces, de familles monoparentales, est la résultante de cette citation ci-dessus. La famille est l’une des sources première du bonheur quand règnent la confiance et l’amour désintéressé. Chacun s’occupant des besoins de l’autre, en en faisant sa priorité et ses intérêts. L’exclusion de toutes les formes d’égoïsme et de culte du moi d’abord permet de traverser les tempêtes les plus extrêmes. La confiance est le plus court chemin vers le bonheur. – Aline de Pétigny

La règle d’or : tout ce que vous voulez que l’on fasse pour vous, faites-en de même pour les autres.

Cette règle d’or est un déni qui reste en perpétuel conflit interne avec l’individu. Depuis ses premiers jours, on lui inculque des valeurs de vie, de partage, de respect, et une fois le chemin de l’école arpenté, c’est la culture du plus fort qui s’impose. Être le meilleur, toujours le meilleur, chacun pour soi, et la compétition s’installe. Les classes sociales prennent forme peu à peu. Le vrai bonheur réside dans la réussite. Bats-toi, pour y arriver sinon tu seras dans le lot des perdants. Tu seras à la rue. Quitte à marcher sur l’autre, ne te laisse pas marcher dessus. Ce sont des discours que l’on tient aux enfants. D’où cette façon de penser rime-t-elle avec le bonheur ? Aujourd’hui, des millions de personnes s’épuisent à travailler de longues heures pour gagner plus d’argent. Mais l’argent et les biens matériels apportent-​ils un bonheur durable ? Que montrent les faits ?

La richesse comme bonheur

C’est le PMV, le Produit Mondial Vendu à tous les humains (selon le rédacteur). Il est devenu le moteur de tous ceux qui aspirent au bonheur. La richesse ne fait que créer et creuser les inégalités partout. On aura beau le critiquer, mais le produit restera en tête de gondole quoi que l’on fasse, car c’est le carburant qui fait tourner le système dans son entier. Malgré la chute vertigineuse de certains dans des abysses sans fond, même les plus démunis ne jurent que par cette voie. L’argent et le luxe font oublier le ventre qui crie et les heures de boulot pour deux sous en fin de mois. Des femmes et des enfants ne manquant de rien n’ont jamais été aussi malheureux par l’absence d’un vrai mari et d’un vrai père. Les bijoux, l’argent, les cadeaux n’ont jamais pu combler le manque d’affection, si bien que tout s’effondre dans l’adultère ou une délinquance violente et toxicologique pour les enfants. Ils étaient censés connaître le bonheur que recherche tout le monde. La promesse n’a pas été tenue. Pourtant, on assiste encore à des salles combles autour de conférences payantes pour gagner plus d’argent et être riche en un clin d’œil. Souvent, les conférenciers ne le sont pas eux-mêmes mais tirent au passage quelques billets aux naïfs de la richesse.

Le Bonheur Commun du Monde

Le BCM (selon le rédacteur) ne se rattache qu’à une seule chose : l’argent. Il paraît que nous serions heureux dès lors que nous ne sommes pas malheureux. Ou bien, lorsqu’il ne faut pas calculer ou réfléchir pour trouver le moyen le plus facile conduisant à notre but, le bonheur devient soudainement complet. C’est quoi être malheureux ? C’est un malheur que de puiser de l’eau, ou marcher des kilomètres, que de simplement tourner le robinet. En comparant la situation des uns et des autres, une raison a été vite trouvée pour créer une forme d’arrogance et de supériorité. La manipulation facile de la pensée a ouvert la voie à une imposture mentale, la subordonnant au gré de quelques manipulateurs habiles qui ont vu en elle une manne intarissable.

L’égoïsme contre-valeur

Sans le vouloir, sociologues et autres prônent l’égoïsme à cause d’une perte totale des valeurs humaines par les autres. Pour protéger la victime et l’aider à se recentrer, il lui est conseillé de penser à soi avant tout autre chose, de croire que son bonheur ne dépend que de lui et de ce qu’il fait de sa vie. Sa vie ne regarde que lui. Il n’a de compte à rendre à personne. Résumé ainsi cela peut paraître vrai, mais dans le fond, pour construire ce bonheur et son empire, il a besoin des autres. Et la quête ne sera certainement pas conduite auprès des requins qui cultivent cette façon de penser. Ce sont d’humbles personnes qui seront sur sa route, des altruistes, qu’il oubliera sans doute dans quelque temps. Ma voiture, ma maison, mon téléphone, mon jouet… partager est devenu une option et les options égoïstes sont légion. La culture de l’égoïsme commence insidieusement à la maison. Chacun son ordinateur, sa télé, les frères se fâchent à cause des emprunts et les parents hurlent parce qu’on aurait touché ou déplacé ceci ou cela.

On ne prête plus. Il faut tout acheter. Le bonheur de partager a disparu. Les nouveaux besoins ont ouvert la voie au non-contentement. La spirale du vide sans fin de l’insatisfaction produit son effet malsain. Courir après et posséder tout ce qu’ont les autres, rend terriblement malheureux. Être la pâle copie d’un autre est comme un paysage monochrome.

Pour vivre une vie heureuse, attachez-la à un but et non à des personnes ou des choses. -Einstein

Où le trouver ?

La joie et le bonheur ne sont pas matériels, par conséquent, il est vain de croire les fables et de poursuivre les chimères du bonheur que l’on nous fait miroiter. Les livres, les magazines, la pharmacie du bonheur, donnent toutes sortes de médicaments, de traitements et de thérapies souvent inefficaces. Le bonheur est étroitement lié à la vie.

En te levant le matin, rappelle-toi combien précieux est le privilège de vivre, de respirer, d’être heureux. Marc Aurèle

Simple citation à la portée de tous, qui vaut son pesant d’or.

Le bonheur, c’est de continuer à désirer ce qu’on possède. Saint Augustin

Savoir se satisfaire de ce que l’on a nous comble, tant sur le plan familial que matériel. C’est donner de la valeur chaque jour à ce que l’on a acquis et refuser de croire que le temps qui passe déprécie ce que nous avons de plus cher. Notre vie est loin d’être un tableau d’amortissement. C’est dans la spiritualité que certains, sans être des ascètes, ont réussi à dominer le pouvoir du matériel et se portent merveilleusement bien.

La joie est dans tout ce qui nous entoure, il suffit de savoir l’extraire. – Confucius

Ce qui nous entoure, ce qui n’a jamais disparu, ce qui perdure depuis la création du monde : notre environnement naturel, qui nous va si bien, nous rend heureux. Pourquoi se sent-on apaisé au bord de l’eau, à la montagne… ? Pourquoi le chant d’un oiseau ne nous agace-t-il pas ? Disons-nous d’un arbre qu’il est laid ? Il y a des arbres et des fleurs que nous aimons plus que d’autres, certes, mais jamais nous les dévalorisons.

Le bonheur n’est pas un secret. Il est juste à l’opposé de ce que l’on nous apprend et qu’on nous impose comme pensée. Il faut parfois se déconstruire pour le retrouver et revenir à l’élémentaire.

Aujourd’hui, on remarque que de plus en plus de personnes qui profitaient de ce monde et de ses artifices, des personnes qui ne manquaient de rien, fuient, pour se rapprocher d’un mode de vie simple avec la nature et la famille. Comme ils ont nourriture, vêtements et un toit, conjuguer avec l’harmonie parfaite de la nature suffit à elle seule à les transporter.

Serions-nous en train de vivre un bonheur par procuration bâti sur des illusions de vie ? Il n’en demeure pas moins que chacun devrait batailler avec son propre bonheur, et que le bonheur à bel et bien un prix. Certains le payent cher, pour d’autres c’est un emprunt sans remboursement, car l’amour est le centre même de tout ce qu’ils entreprennent. Cultiver le contentement, la générosité, accorder la priorité aux gens et non aux biens, donner de l’amour, prendre soin de sa santé, dominer ses sentiments négatifs et se concentrer sur des pensées positives sont quelques pistes qui peuvent vous conduire vers le grand chemin du bonheur.

.

Rédacteur Cocks Georges 

Secrétariat redaction Colette Fournier

© PLUTON MAGAZINE 2019

Laisser un commentaire

*