La santé publique se porte-t-elle bien ?

Par Georges Cocks

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Santé – Sport – Bien-être

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Dans ses assises avec les maires des territoires d’outre-mer, suite au dossier épineux des « Gilets Jaunes », le président de la République a été rattrapé par les médias et les scientifiques sur ce qu’il qualifie de simple malentendu au sujet de la probabilité d’un risque de cancer provoqué chez l’homme par le chlordécone, pesticide utilisé depuis très longtemps en Guadeloupe et la Martinique dans les bananeraies. Depuis 1979, l’OMS a démontré le facteur cancérigène de ce produit chez des souris et des rats exposés à cette molécule. Nous savons que les animaux s’adaptent plus facilement et produisent des anticorps mieux que l’homme ; donc, dans ce cas de figure, ce produit présente bel et bien un risque cancérigène pour l’humain, comment l’ignorer.

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Le débat de la santé publique

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On ne peut pas fixer de prix à la vie mais elle vaut tout de même très cher, car nous sommes dans l’incapacité d’empêcher la mort, ni de redonner la vie, ni même de la créer à partir de rien. De ce fait, la vérité fait souvent face à l’omerta de toutes les parties qui seraient engagées dans un dossier sanitaire obscur. Les conséquences peuvent être une catastrophe économique et sociale et déboucher sur une crise mondiale sans précèdent, pouvant aller jusqu’à faire jurisprudence dans d’autres cours administratives ou pénales de pays frontaliers ou distants. Trop souvent, on assiste malheureusement à un jeu de yoyo entre ceux qui disent qu’il y a un mal à telle chose et d’autres qui contredisent en parlant d’exagération de fait.
Les statistiques contradictoires profitent aux industriels tandis que le mal induit et les effets secondaires sont le lot du consommateur et restent à sa charge et sous sa responsabilité personnelle, lorsque l’aberration est que le système de santé prend en charge le remboursement de maladies cautionnées par le système économique. Cela n’est point une démarche louable, car la logique serait plutôt de supprimer le tort. C’est ainsi que les industriels peuvent continuer à nourrir impunément la population mondiale avec une alimentation malsaine et néfaste sans être inquiétés, car ces lobbys sont très puissants et tiennent la bride sans que même les chefs d’État puissent donner un avis. Souvent, ce sont d’anciens politiciens, ils connaissent tous les rouages du système. Or, on se demande vraiment si la mission de la santé publique, qui consiste à protéger la santé des populations, n’est pas une vaine supercherie. Censés anticiper comprendre et agir, pourquoi produisons-nous et mettons-nous sur le marché des substances néfastes à l’homme ?
Qu’anticipent et comprennent les veilles sanitaires et les observatoires épidémiologiques, et pire, comment agissent-ils ? Nous avons toujours du mal à retirer un produit dangereux pour l’homme et son environnement, et le conservons au profit de la problématique économique..

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La richesse de la maladie

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Nous sommes en capacité aujourd’hui, avec l’avancée de la médecine, de guérir de nombreuses maladies, disent certains chercheurs et scientifiques, mais le bizness de la santé veut que l’on maintienne sous perfusion les gens, pour juste les soulager et les inciter à consommer sans fin des médicaments. Créant des maladies imaginaires et des traitements inutiles, l’industrie pharmaceutique n’hésite pas à profiter de la santé comme d’une mine intarissable de profit. Jusqu’à la mort, on prescrira un traitement à vie, car la peur de la mort elle-même est le moteur de cette attitude destructrice chez l’homme, la prise de médicaments sans fin n’étant pas bonne pour l’organisme.

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Le gaspillage pharmaceutique

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Chaque année, des tonnes de médicaments finissent à la poubelle ou dans la nature. C’est environ 3,1 milliards de boîtes vendues en France, soit 48 par personne/an selon un rapport de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). À chaque ordonnance sa liste de course. Prescrit pour deux ou trois jours, une boîte contient parfois entre 20 à 30 comprimés. Des campagnes de sensibilisation incitent au retour des médicaments non utilisés, mais ces derniers ne sont pas réutilisés mais incinérés. Ce gaspillage est dû à une prescription excessive et une faible observance par les malades. Souvent, certains malades n’ont pas confiance dans le premier diagnostic et consultent alors un deuxième praticien. Les prescriptions médicales en France excèdent les normes de 30 à 70 %. De plus, 90 % des consultations médicales se concluent par une ordonnance, contre 43 % aux Pays-Bas. Ainsi, 12108 tonnes de médicaments ont été récupérées par les pharmacies en 2015, sans compter ceux qui ont été jetés dans les ordures ménagères. La vente au détail lancée dans  4 régions : l’Île-de-France, PACA, Lorraine et Limousin, peine à se généraliser.

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Les principales causes de mortalité dans le monde

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Sur les 56,9 millions de décès survenus dans le monde en 2016, plus de la moitié (54 %) est due aux 10 causes suivantes. Les cardiopathies ischémiques et les accidents vasculaires cérébraux sont les principales causes de mortalité dans le monde, responsables de 15,2 millions de décès au total en 2016. Ils sont restés les premières causes de mortalité dans le monde au cours des 15 dernières années.

Les bronchopneumopathies obstructives chroniques ont fait 3 millions de morts en 2016, tandis que les cancers pulmonaires (avec ceux de la trachée et des bronches) ont provoqué 1,7 million de décès. Le diabète a tué 1,6 million de personnes en 2016, contre moins d’un million en 2000. Les décès dus à la démence ont plus que doublé entre 2000 et 2016, ce qui en fait la 5e cause de mortalité dans le monde en 2016, alors qu’ils n’arrivaient qu’en 14e position en 2000.
Les infections des voies respiratoires inférieures sont la maladie transmissible la plus mortelle, à l’origine de 3 millions de décès dans le monde en 2016. Le taux de mortalité imputable aux affections diarrhéiques a diminué d’un million entre 2000 et 2016, ce qui représente tout de même 1,4 million de décès en 2015.
De même, la tuberculose a fait moins de morts au cours de la même période mais elle demeure dans les 10 principales causes avec 1,3 million de morts. Le VIH/sida ne fait plus partie des principales causes de mortalité : il a provoqué 1 million de décès en 2016 contre 1,5 million en 2000. Les accidents de la route ont fait 1,4 million de morts en 2016, de sexe masculin pour environ les trois quarts (74 %). Source OMS


Anticiper comprendre et agir, telle est la mission de la santé publique. Mais il y a probablement un pignon manquant ou qui a volontairement été ôté dans le moteur.
On pourrait se demander pourquoi les trois principales causes de mortalité continuent d’augmenter de la sorte. 15 ans de mortalité vasculaire croissante ! Combien de temps faudra-t-il attendre pour comprendre et agir ? Le manque d’activité physique et la malbouffe ne sont pas de la seule responsabilité individuelle comme on veut le faire croire. Manger 5 fruits et légumes par jour et manger bouger pour votre santé ne sont que de beaux slogans, quand le prix des fruits reste très excessif et celui des fast-foods très dérisoire. L’expansion de la ville a favorisé la sédentarité, quoi que l’on dise. Le développement des moyens de locomotion (motorisés), dit-on, « facilitent la vie », à se demander si c’est vraiment fait pour aider l’humain ou l’économie. Ne plus arriver en retard à son travail, réduire le temps de trajet et se sentir coupable contribue fortement à l’inactivité physique. Nous sommes connectés à la technologie, sous prétexte de santé, avec des gadgets couteux qui ne remplissent pas du tout leur rôle. Il faut 10 000 pas par jour, seulement, qui s’en préoccupe ? La mortalité a-t-elle baissé depuis ?
Les grands laboratoires organisent chaque année des forums sur la santé publique pour échanger sur des grands enjeux de santé publique. Ces échanges contribuent à la réflexion autour de nouvelles solutions pour améliorer la prévention, le diagnostic et l’accompagnement du patient. Peut-on scier la branche sur laquelle on s’assoit confortablement ? Ou mordre la main qui nourrit ?

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Anticiper comprendre et agir

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On le sait : le comportement sédentaire nuit à la santé. Pathologie cardiovasculaire, diabète de type 2, cancer, le salarié est exposé à des risques importants pour sa santé. Le travailleur français reste 7,28 heures assis pendant sa journée de travail. L’inactivité physique touche ainsi de plus en plus d’individus. Elle se définit comme la non-atteinte des seuils d’activité physique recommandés. Pour un adulte, il faut par semaine environ 150 mn d’activité modérée ou 75 mn d’activité intense. Or, il est triste de constater que la sédentarité s’inculque depuis l’adolescence (jeux, réseaux sociaux…) et une fois adulte, la mauvaise habitude est acquise et demeure. La transformation profonde des habitudes naturelles de l’homme est à l’origine de tous ces maux.

La pollution automobile, industrielle et maritime augmente le nombre de maladies pulmonaires ainsi que les décès. Les habitants vivant à proximité des grands ports se barricadent et doivent se calfeutrer jour et nuit pour ne pas respirer cet air infecté de particules nocives à la santé. Et l’anticipation dans tout cela ? Il n’en est rien. On continue encore de produire de plus gros bateaux pour porter de plus en plus de containers. Ils sillonnent les océans en brûlant du fioul, ce pétrole brut non raffiné, et mis ensemble, ces bateaux polluent plus que toutes les voitures du monde réunies. L’impact de leur émission en haute mer n’est pas mesuré. En octobre dernier, le tribunal de Marseille a requis une amende de 100000 euros à l’encontre d’un capitaine d’un navire, pour pollution. Une première qui, nous l’espérons, ne s’arrêtera pas là.
Le problème est bien posé et identifié, mais qui va oser s’attaquer à l’économie mondiale ? Ne faut-il pas nourrir et divertir celui qui va mourir par la pollution ? Ne contribue-t-il pas lui-même à alimenter le cercle vicieux ?
L’accès à la santé est inégal. Certains pays subissent des crises sanitaires alors que ces crises ne sont pas nouvelles. Elles sont déjà résolues dans d’autre pays. Alors, a-t-on besoin d’anticiper et de comprendre ? Non, il y a un besoin urgent d’agir ! Les déserts médicaux s’étendent même dans les pays développés, si bien que l’on s’interroge s’il faut ou non salarier les médecins pour pallier ce déficit de soin.

Même si des progrès sont faits, nous restons dans l’inaction totale face à de nombreuses maladies que l’on cultive au lieu de les enrayer. Nous sommes tétanisés de peur, au point de ne pas réagir. La peur de perdre notre richesse au détriment de la vie est tout simplement une preuve de notre incapacité à protéger naturellement notre espèce, la seule capable de garder l’harmonie et de maintenir l’équilibre de la nature. Nous ne voulons pas guérir par peur de perdre de l’argent, car jusqu’à la mort on peut encore gagner des sous.

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Cocks Georges
Secrétariat rédaction Colette Fournier (Lyon)
©Pluton-Magazine/2019/Paris 16eme

Sources : OMS – INRS

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La sédentarité un mal de plus en plus morte

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