La danse serait-elle sous-évaluée ?

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Par Alain « Dobrah » Michigan

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Danse

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Je déteste demander de l’argent. J’en ai assez de me sentir comme si, en tant que danseurs, nous devions constamment quémander toute aide pour notre seule existence. Nous sommes souvent perçus comme les enfants pauvres du monde des arts, généralement considérés comme n’ayant rien de concret à vendre.


Parler d’argent est un sujet tabou dans notre milieu. Une fois que nous avons revêtu la casquette « artiste », plus exactement, la casquette « artiste de danse », une mentalité vieille école prend le dessus. Comme si la seule idée de « travailler pour l’amour de ce qu’on fait » devrait suffire aux salaires ridicules, au manque de considération, à l’absence de discussions et débats valables sur les raisons de notre activité. Comment la danse s’est-elle retrouvée coincée entre ces images dévalorisantes ?


Peut-être parce que le fait d’être des créateurs utilisant le corps donne au monde (et à nous-mêmes) l’impression que seuls le plaisir, la gratification devraient suffire et qu’une compensation adéquate ne serait pas nécessaire. Ou encore, peut-être que la mentalité puritaine et tyrannique omniprésente de la honte corporelle fait que nous nous sentons indignes de la moindre importance.


Et pourtant, la société valorise les sports populaires et tout ce qui a trait aux corps dans bien d’autres domaines. De grosses sommes d’argent sont investies et gagnées en retour sur l’exploitation de candidats optimistes lors d’émissions de téléréalité de toutes sortes. Bien qu’ils chantent, dansent et déploient toute une multitude de talents, les spectateurs sont amenés á croire qu’ils ont affaire à des amuseurs et non à des artistes.

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Nos sociétés valorisent trop la gagne et la compétition. De ce fait, nous nous acheminons inconsciemment vers l’idée que gagner à tout prix est la seule valeur et qualité nécessaire pour exister. Et si, au lieu de cela, on nous enseignait dès le plus jeune âge á valoriser la simplicité du témoignage et la participation à la vie sans le désir de vaincre ? Les artistes commenceraient-ils à être dignes d’une plus grande demande de masse ?

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Il serait peut-être temps de prendre conscience du coût réel de la création de danses. D’engager des discussions sur les fonds nécessaires á sa seule existence, jusqu’à ce que nous les obtenions. De ne pas avoir peur, honte d’utiliser le système capitaliste pour notre propre besoin tout en élaborant une stratégie créative. Simplement tout en considérant cela comme une mentalité à développer comme toute entreprise prospère á but non lucratif maîtrisé. Disons leur ce dont nous avons vraiment besoin pour créer notre art et en quoi leur investissement rehaussera le tissu culturel de notre pays. Alors, peut-être qu’un changement radical se produira, créant ainsi un monde différent. Un monde où les danseurs oseront penser aux valeurs qu’ils apportent à notre société.

Merci de m’avoir lu !

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Alain « Dobrah » Michigan , professeur de danse à  Move onJohn Harris Fitness Center et Broadway Dance Connection. (Vienne, Autriche) alainmichigan@yahoo.fr
Alain « Dobrah » Michigan (Rédacteur Pluton-Magazine, rubrique Danse)

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