GRANDES CIVILISATIONS : EN INVENTANT LA DÉMOCRATIE, LA GRÈCE CLASSIQUE A MARQUÉ L’HISTOIRE DE L’HUMANITÉ

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Par Philippe ESTRADE auteur-conférencier

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La Grèce a marqué l’histoire probablement comme nulle autre nation. Sa culture profonde, l’art et l’architecture mais aussi ses grandes valeurs philosophiques et politiques en firent un phare pour la vieille Europe, l’Occident et l’humanité. Succédant aux différentes puissances de la Grèce archaïque dont Mycènes fut l’un des symboles les plus forts, la Grèce classique puis hellénistique exerça une telle influence que même Rome, au cœur de sa splendeur et de sa domination sous l’Empire, adopta le grec utilisé par ses élites intellectuelles et politiques comme le firent avec le français les nations européennes, notamment au Siècle des Lumières. Avec Périclès qui ouvrit la voie de la démocratie, s’installa une harmonieuse période de sagesse politique. Les textes issus d’une approche politique et philosophique singulière et innovatrice entre le 5e et le 4e siècle avant J.-C. ont durablement marqué et influencé la civilisation occidentale. Socrate, l’un des fondateurs de la philosophie, puis Platon ou Aristote furent les grands animateurs de la pensée philosophique mais les Grecs, également précurseurs de la recherche astronomique et mathématique, ont aussi apporté des connaissances fondamentales et un nouvel art considéré comme un modèle. Au sommet de sa gloire, la Grèce puissante et dominatrice a rayonné sur un territoire allant de la Méditerranée à l’Asie occidentale, jusqu’à sa chute après la période hellénistique, directement liée à une suprématie galopante et implacable, celle de Rome.

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L’HÉGÉMONIE D’ATHÈNES AVEC LA LIGUE DE DÉLOS

La grande période qualifiée de classique qui succéda aux états grecs archaïques entre le 5e et le 4e siècle avant J.-C. a jeté les fondations d’un état fascinant. Outre l’épanouissement des sciences nouvelles, des arts et des lettres, cette époque éblouissante a vu naître d’audacieuses doctrines politiques et philosophiques particulièrement inspirées, avec notamment l’invention de la démocratie athénienne. Au cœur du 5e siècle avant J.-C., l’alliance militaire entre les cités grecques alliées ou soumises à Athènes dans la Ligue de Délos ouvrit la voie à l’émergence durable d’Athènes, désormais incontournable dans le destin flamboyant de la Grèce.

Délos au carrefour des Cyclades

Principale escale commerciale en mer Égée, Délos se tint à distance des querelles diverses et des conflits militaires, ce qui lui valut un statut de terre protégée et sacrée puisqu’un un sanctuaire issu des prophéties d’un oracle y vit le jour.  Après les guerres médiques contre la Perse puis la soumission définitive de Délos, Athènes mit en place une union navale avec l’ensemble de ses alliées en Égée afin de contrôler l’intégralité des autres îles dans les Cyclades et la mer Égée, face à une Perse affaiblie mais toujours menaçante. À partir de 478 avant J.-C., les magistrats athéniens prirent toutes les décisions utiles pour administrer l’île de Délos et gérer le sanctuaire. Plus tard, il fut même interdit de naître et de mourir à Délos, en contraignant ainsi la population à fuir la cité et les femmes à se déplacer pour accoucher dans des régions non soumises par le décret athénien. Dominant totalement l’île, Athènes parvint ainsi à s’approprier les fêtes sportives en l’honneur d’Apollon, qui se déroulaient dans le stade de Délos.

L’affrontement d’Athènes et de Sparte dans la guerre du Péloponnèse

Ce sont surtout les récits parvenus jusqu’à nous d’hommes politiques ou de chefs militaires comme Xénophon, qui nous éclairent sur le déroulement de ces affrontements. Ils opposèrent les deux cités influentes à la tête de deux ligues, Athènes pour la ligue de Délos et Sparte pour celle du Péloponnèse. Vers 430 avant J.-C., les premières années furent marquées par la domination régulière de Sparte sur l’Attique alors que la peste emportait une grande partie de la population athénienne. La puissante flotte d’Athènes fut implacable cependant, lors de la guerre d’Archidamos, du nom du roi de Sparte, un conflit qui dura une dizaine d’années. La force de Sparte fut d’être capable de soutenir une bataille rangée de fantassins alors que l’engagement maritime constituait sa grande faiblesse. Mais les deux camps finirent épuisés et la paix promue par Nicias permit la restitution des cités prises et des prisonniers des deux armées. Les Péloponnésiens évacuèrent toutes les cités de Thrace et l’on admit enfin que désormais les querelles devaient se régler par la sagesse et la négociation. Athènes demeura tout de même la gagnante implicite du conflit puisque son territoire, à l’origine de la guerre, ne fut pas amoindri par l’affrontement. Ces conflits répétés affaiblirent les deux cités rivales et aucune d’entre elles ne put désormais postuler au titre d’état dominateur en Grèce.

LES CRISES RÉPÉTÉES DE LA CITE ATHÉNIENNE ONT IMPULSÉ LA DÉMOCRATIE

Athènes naquit vers 800 avant J.-C., alors que la démocratie politique n’intervint que plus de trois siècles plus tard sous l’impulsion de quelques personnalités fortes comme Solon ou Clisthène. Ce nouveau système politique résulta des nombreuses crises politiques et sociales, dont l’esclavage généralisé pour dettes qui condamnait de facto l’ensemble des paysans non propriétaires alors que les classes aisées issues du commerce et des affaires, suffisamment éclairées, réclamèrent la fin du conformisme politique et du monopole de noblesse installée au pouvoir. Clisthène rompit l’autorité locale des riches propriétaires par sa réforme de redistribution des terres et Solo parvint à interdire l’esclavage pour dettes.

Les réformes de Périclès

Grand stratège et brillant orateur, il est considéré comme le père de la démocratie grecque. Périclès impulsa puis renforça la démocratie athénienne au 5e siècle avant J.-C., en permettant à un plus grand nombre de citoyens d’accéder à l’archontat, la magistrature athénienne, tout en réduisant l’autorité de l’Aréopage. Le misthos, rémunération attribuée aux citoyens les plus pauvres dotés d’une fonction publique notamment comme membre de la Boulé, l’assemblée en charge des lois de la cité, est également à mettre au crédit de l’action politique de Périclès. Ainsi, les citoyens les plus pauvres, éloignés d’Athènes, pouvaient s’y déplacer et participer à la vie politique de la cité. Les débuts de la démocratie eurent toutefois des limites et devenir citoyen exigeait des contraintes.

Des outils ambitieux pour faire vivre la démocratie

Bien que la démocratie à Athènes n’eût jamais de traces écrites officielles, les compétences des différentes assemblées nous sont parfaitement connues. D’abord la Boulè qui siégeait au Bouleutérion sur l’Agora, composée de cinq cents membres tirés au sort chaque année. L’assemblée recueillait et examinait les propositions de lois présentées par les citoyens. Ce fut incontestablement un admirable outil de bon sens et de bien commun, garant de la démocratie. L’Ecclesia, autre assemblée de 6000 personnes dotées du statut de citoyen, se réunissait sur l’incontournable colline de Pnyx pour y voter les textes de lois à la majorité simple et à main levée. C’est bien une forme de démocratie directe qui s’exprimait dans cette Athènes du 5e et du 4e siècle avant J.-C. Par ailleurs, il fallait des fonctionnaires pour veiller à l’application des lois. 700 magistrats chargés de cette fonction furent élus par différentes procédures, élection ou tirage au sort pour un mandat d’un an contrôlé en fin d’exercice pour éviter les dérives et limiter les corruptions. Institution politique créée avant l’établissement de la démocratie, l’Aréopage parvint à s’adapter tout en conservant une finalité aristocratique. Avec la démocratie, tout citoyen pouvait saisir cette noble assemblée et exercer des recours contre des magistrats peu scrupuleux. Avec un pouvoir renforcé sous Solon, le célébrissime Aréopage devint en quelque sorte une sorte de conseil des Sages. Enfin, la justice avec l’Héliée, un tribunal populaire composé de 6000 citoyens, avait ses limites et ses imperfections mais celui-ci lui permit tout de même de grandir et de s’inscrire avec efficacité dans le nouvel espace démocratique. Chaque citoyen pouvait saisir le tribunal et formuler son accusation. Dans l’hypothèse d’une condamnation, le citoyen à l’origine de la saisine pouvait percevoir une part de l’amende infligée afin d’être récompensé pour ses efforts de justice. Les peines encourues variaient bien sûr selon le statut social et politique. Contrairement aux métèques, étrangers vivant à Athènes et ne disposant pas du statut de citoyen, qui encouraient la torture, les peines touchant les citoyens alternaient les sanctions financières et les privations d’avantages ou de titres et, le cas échéant, le bannissement. La peine de mort pouvait s’appliquer dans des situations très exceptionnelles avec un encouragement pour le suicide forcé.

OLYMPIE, DELPHES, ÉPIDAURE, L’ACROPOLE, LES GRANDS SANCTUAIRES GRECS

Les sanctuaires ont toujours fait partie de l’identité culturelle grecque depuis les temps les plus reculés de l’époque archaïque, minoenne et mycénienne. Outre la dimension religieuse de ces sites, certaines cités abritaient aussi des jeux panhelléniques qui offraient aux cités grecques l’occasion de briller en s’affrontant tous les deux ans, parfois tous les quatre ans. Essence même de l’oracle d’Apollon à Delphes, la pythie était consultée par des visiteurs venus de tout le bassin méditerranéen. À Olympie, les jeux olympiques se déroulaient à proximité du sanctuaire dédié à Zeus alors qu’Épidaure vénérait Asclépios, le dieu de la médecine, dont les temples jouxtaient l’immense théâtre, magnifiquement conservé dans son écrin d’oliviers et de cyprès.

Olympie, berceau des olympiades

Bien protégé dans un petit bois sacré qui abritait la tombe d’un héros mythique, le sanctuaire d’Olympie, d’abord modeste au 7e siècle avant J.-C., devint au plus fort de la Grèce classique un temple dédié à Zeus, édifié dans un style dorique, nouvelle référence architecturale dans le Péloponnèse. Dès lors que les rencontres sportives eurent été organisées à intervalles réguliers, le sanctuaire vécut son apogée sportif et religieux. Néanmoins, deux villes d’Élide se disputèrent le contrôle du sanctuaire et l’organisation des jeux, Pise et Élis, avant que cette dernière ne s’imposât par la voie des armes. Initialement limités à des activités d’athlétisme, lutte et course, les jeux s’enrichirent plus tard, notamment avec les courses de chars dans le grand stade, toujours visible. Ils se déroulaient tous les quatre ans mais de nouvelles compétitions furent intercalées entre deux jeux d’Olympie, en particulier à Delphes, qui abritait les Jeux pythiques ou encore à Corinthe, qui offrait les Jeux isthmiques. Ces rencontres régulières d’Olympie constituaient un temps fort de l’unité grecque, une trêve placée sous le signe de la paix bien que les athlètes engagés fussent issus de régions parfois hostiles ou de cités rivales.

À Delphes, ils venaient par milliers entendre les oracles de la pythie

Délicieux et enchanteur, le site est blotti contre les parois du mont Parnasse, qui nourrissent les pins et les oliviers. À l’horizon, plein sud, la « mer des oliviers » court vers Itea et le golfe de Corinthe. Jadis, les pèlerins venaient par milliers de toutes les régions de Grèce et du bassin méditerranéen pour écouter la pythie en transe. Obligatoirement vierge, la pythie était choisie parmi les femmes de Delphes. Prêtresse du sanctuaire, elle interprétait les messages d’Apollon, en réponse aux questions formulées par les pèlerins. Après s’être rendue à la fontaine de Castalie, à deux pas des temples, elle s’enfermait dans une crypte sombre dans laquelle les lauriers brûlés offraient des effluves propices à l’état de transe. Hurlements et gestes divers de la pythie étaient alors interprétés par des prêtres chargés de remettre les réponses aux pèlerins saisis et extasiés, attentifs et patients aux portes du temple. Le site archéologique aujourd’hui est éblouissant, et on ne rentre jamais insensible d’une visite à Delphes, toujours inoubliable. Le chemin qui monte vers le temple d’Apollon, le théâtre et le stade bien à l’abri sous les cyprès, serpente entre les différents trésors offerts dans l’antiquité par les visiteurs reconnaissants. Il s’agit de colonnes, de statues, de petits bâtiments sous forme de temples, offerts par les pèlerins fortunés pour y déposer les offrandes, comme le trésor des Athéniens aux colonnes corinthiennes, à la fois exquis et enivrant. C’est le développement du christianisme pour l’essentiel qui sonna le glas de l’oracle à Delphes, vers le 2e siècle de notre ère, sous la domination romaine et le règne d’Hadrien.

Épidaure, le sanctuaire du dieu de la médecine

Déjà à l’époque de Mycènes, Épidaure abritait un premier centre de soins. Mais sa prospérité intervint vers le 6e siècle avant J.-C., au début de l’époque classique, après que le sanctuaire thérapeutique, placé sous la protection du dieu de la médecine Asclépios, eut obtenu une popularité saisissante dans tout le bassin égéen. La réputation thérapeutique de la cité se répandit et permit à Épidaure de recevoir un flot de pèlerins. « Un esprit sain dans un corps sain » fut l’une des caractéristiques de la ville, et le sanctuaire médical organisait un ensemble de rencontres sportives ou des initiations au théâtre et à la musique pour libérer l’esprit des malades. Le sanctuaire d’Asclépios a atteint son apogée au 3e siècle avant J.-C. Des temples doriques puis ioniques, un stade et un théâtre enrichirent alors le plateau de la cité, pour offrir aux visiteurs des lieux de recueillement et de loisirs. Le théâtre d’Épidaure qui pouvait accueillir 14000 spectateurs demeure un joyau architectural et un prodige d’efficacité acoustique. Il est l’archétype même du théâtre grec. Édifié à flanc de colline, sur une pente sévère, il offre une acoustique exceptionnelle et une visibilité remarquable, quelle que soit la place choisie par le spectateur. On peut réellement parler d’une architecture au service du son. La naissance du théâtre en Grèce remonte aux chœurs et aux processions glorifiant Dionysos, le dieu du masque et du vin. D’ailleurs, une cérémonie religieuse précédait toujours une représentation théâtrale. C’est toujours Dionysos, protecteur du théâtre, qui présidait la scène, et son prêtre occupait une place réservée et centrale dans les gradins. Les différents genres théâtraux, dont la comédie et la tragédie, furent admirablement portés par des auteurs comme Euripide ou Sophocle. Dans ce paysage d’Argolide semé de vestiges mycéniens, la visite du théâtre d’Épidaure s’offre comme une découverte à couper le souffle. Il jaillit au bout d’un chemin ombragé comme une promesse et fait face aux douces courbes des verdoyantes montagnes de chênes-verts et d’oliviers.

Le Parthénon, les racines de la civilisation occidentale

Site défensif à l’origine, c’est Thésée qui fit d’Athènes la capitale d’un premier état à peu près organisé et influença le culte d’Athéna, symbole de la sagesse. Périclès, conseillé par le génie du sculpteur Phidias, ouvrit l’ère de la nouvelle Athènes au 5e siècle avant J.-C., dotée de tous les vestiges majeurs dont on peut toujours admirer la beauté et la grandeur de nos jours. Le plan d’ensemble édifié au sommet de l’Acropole a livré des chefs-d’œuvre à l’humanité, le Parthénon, le temple d’Athéna Niké ou encore les Propylées, entrée monumentale flanquée d’un corps central et des deux ailes dissymétriques, qui donne le ton et imprime la grandeur des lieux. Sur le plateau qui domine la ville, véritable écrin du Parthénon, les cariatides nobles et fières affinent le portique de l’Érechthéion, élégant petit temple qui combine les ordres doriques et ioniques. Il était dédié au culte d’Athéna et de Poséidon, qui s’étaient affrontés pour s’attribuer l’Acropole et Athènes. Les six statues de jeunes filles aux tuniques soigneusement plissées qui supportent le fronton donnent au sanctuaire une beauté exquise, soulignée par six colonnes ioniques du portique opposé. Il s’ouvre sur un belvédère et offre au regard une vue imprenable sur les vieux quartiers d’Athènes et les ruelles tortueuses et parfumées par les grillades du Plàka et de Monastiràki. D’ordre dorique, le Parthénon est immaculé, avec son marbre blanc du Pentélique. Il fut offert au culte d’Athéna, déesse de la sagesse, dont la statue monumentale se dressait au cœur du sanctuaire élevé par Phidias sous Périclès, à l’apogée précisément de l’art et de la civilisation de la Grèce classique.

ALEXANDRE LE GRAND MARQUE LA PÉRIODE HELLÉNISTIQUE

Cette période est un prolongement de la Grèce classique et de la démocratie Athénienne, de 323 à 30 avant J.-C., jusqu’à la soumission par la Rome conquérante et implacable. Le terme « hellénistique » n’est d’ailleurs apparu qu’au 19e siècle,

dans l’ouvrage d’un historien allemand. Il résulte du fort accroissement linguistique du grec dans le bassin méditerranéen, qui connut alors une importante hellénisation dès le 2e siècle, jusqu’en Égypte et en Asie occidentale. Cette période, qui n’a plus rien à voir avec la démocratie athénienne, a été marquée par l’écrasante domination de la Grèce sous la conduite autoritaire d’Alexandre le Grand. Le bref règne du roi de Macédoine, de treize ans compris entre 336 et 323 avant J.-C., s’est traduit par la conquête spectaculaire de l’orient, dont la Perse de Darius III, jusqu’à l’Indus. Sa mort soudaine ne permettra pas à Alexandre de mettre à exécution son projet, contesté d’ailleurs par ses lieutenants, une monarchie établie sur le métissage des cultures grecque et perse pour l’essentiel.

Les querelles des diadoques

La disparition d’Alexandre provoqua des troubles et une instabilité politique car pendant près d’un demi-siècle, les diadoques, ses principaux officiers, se sont déchirés au point de faire éclater l’empire. Un équilibre précaire finit par se mettre en place au 3e siècle avant J.-C. Antigone le Borgne put récupérer la Macédoine, les Lagides avec Ptolémée administrèrent l’Égypte, et la vaste Asie Mineure fut confiée aux Séleucides.

La conquête romaine mit un terme définitif à la grande épopée grecque millénaire

C’est Rome qui mit un terme à la grande période grecque, une épopée millénaire exceptionnelle. Le coup d’arrêt romain s’est réalisé en deux temps. D’abord, dans le cadre des guerres puniques autour de la Sicile et de l’Italie du sud, territoire de la Grande Grèce, puis au 2e siècle de notre ère, en Orient et en Asie Mineure par la défaite d’Antiochos III, dernière grande figure de l’hellénisme en Orient. Avec le soutien de cités majeures, dont la prestigieuse Pergame en Asie Mineure, Rome s’assura la conquête totale de la Méditerranée orientale. Mais c’est la domination des territoires grecs, Macédoine comprise, qui a sonné le glas de la prestigieuse Grèce. Au début du 1er siècle de notre ère, le monde hellénistique n’offrait plus que des provinces désormais romaines et quelques états indépendants, mais vassaux.

Cette période des cinq derniers siècles avant J.-C., partagée entre la Grèce classique pour l’essentiel et la Grèce hellénistique, offrit deux visages, celui de la démocratie et celui du retour de l’autorité monarchique. Bien qu’ils eussent découvert la démocratie illustrée par des chambres de débats et de prises de décisions, ainsi qu’un appareil judiciaire innovateur, équilibré et plutôt performant, les grecs montrèrent la fragilité et l’imperfection des hommes avec cet impérieux besoin de nouvelles dominations des peuples et d’autoritarisme. Cela remit en cause la démocratie nouvelle et la sagesse installée que l’on croyait pourtant durable. La quête de la liberté et de la démocratie demeure donc un combat permanent et éternel dans l’histoire des hommes, qui ont sans cesse révélé leurs faiblesses dans cette conquête des pouvoirs et de l’autorité politique par la violence et la guerre. Il aura fallu de nombreux nouveaux siècles de monarchie et de despotisme avant que les valeurs de la Grèce classique réapparaissent enfin avec le retour de la liberté. Redécouvrir de nos jours la Grèce classique, c’est remonter aux racines de notre civilisation, c’est retrouver le grand siècle de Périclès et de Phidias, c’est simplement ressentir avec sagesse et humilité, le génie d’une époque qui a inventé la démocratie et marqué l’histoire de l’humanité.

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Philippe Estrade.

Pluton-Magazine/2020/

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