ENTRE LES LIGNES -I – : LES MARCHANDS DE PARIS de Lise KERVENNIC

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Lorsque Marion disparaît, brutalement écrasée par un tramway, Léonie n’a d’autre solution que de reprendre les affaires de sa mère et pas n’importe quelles affaires, puisqu’il s’agit de reprendre une galerie d’art, la galerie Dumas. Avec la mort de Marion et la reprise de la galerie par Léonie, Lise Kervennic met en place le fil conducteur du roman. Chose très astucieuse et qui peut paraître étonnante, l’auteure s’adresse tout au long de l’histoire au lecteur qui devient à son tour témoin de ce qui se déroule. Mais c’est fait de telle manière que le lecteur se prête au jeu très facilement. En plaçant le lecteur dans l’histoire, l’auteure crée une ambiance tout à fait remarquable, dès lors qu’il participe aussi à la trame.

L’écriture incisive donne un certain dynamisme à l’histoire et le lecteur ne s’ennuie à aucun moment.  Lise Kervennic y ajoute de l’humour et nous surprend en nous faisant pénétrer dans le milieu très fermé qu’est celui des marchands d’art de Paris.

Si vous avez eu l’occasion de chiner, de parcourir les brocantes, d’assister aux ventes aux enchères à Drouot, de flâner à des expositions au Grand Parais, de vous rendre à Roubaix pour admirer La Piscine ou de vous rendre à New York pour déambuler au Moma (Museum of Modern Art), ce livre vous parlera. Si vous n’avez pas fait tout cela, il vous parlera tout de même car nul besoin d’être amateur d’art pour apprécier les descriptions que nous fait Lise Kervennic en nous peignant un milieu dont nous ignorons tout.

L’envie de découvrir l’envers du décor rend ce roman très intéressant et Lise Kervennic a eu raison de nous faire pénétrer dans ce milieu fermé en nous présentant Catherine et Philibert, deux étranges personnages qui possèdent des toiles sublimes.

Ce n’est pas sans malice ni espièglerie que l’auteure nous brosse le portrait de ces personnages. Un procédé visant à faire prendre conscience au lecteur du rôle des femmes dans le monde de l’art. Catherine est comme piétinée par son mari Philbert, mais n’est-elle pas un exemple parmi tant d’autres dans l’histoire de l’art ? Lise Kervennic fait le point parfois en nous présentant une Léonie tantôt empreinte d’une certaine naïveté, tantôt survoltée.

Au-delà de l’humour omniprésent qui accompagne les chapitres de ce roman, les références à l’art et à certains peintres ou courants artistiques sont d’une grande qualité et aucun lecteur ne devrait sortir de sa lecture sans avoir appris quelque chose en matière de référence à l’art contemporain.

Mais, détrompez-vous, il ne s’agit pas d’un cours d’histoire de l’art dispensé pendant des heures en amphithéâtre. Il y a une vraie histoire. Nous faisons la rencontre de personnages tantôt loufoques, tantôt spécialistes, tantôt farfelus et surtout, Lise Kervennic s’attache à nous brosser chaque personnage de ce milieu si requin, si hypocrite et où les coups bas sont légion en matière d’acquisition d’œuvres.

C’est un premier roman et l’auteure a mis tout son cœur dans cette oeuvre. Elle nous communique sa passion de l’art tout en nous baladant ici et là dans des vernissages, des soirées ou sévissent des pique-assiettes, des beuveries qui se terminent en affaires d’adultes.  C’est un monde où tout le monde semble connaître tout le monde, où tous s’apprécient tout en convoitant ce qu’acquièrent les autres. Et si on peut rafler à l’un une œuvre dans son dos, c’est tout aussi excitant. L’auteure veut nous emmener à un point essentiel : la place des femmes dans ce milieu réservé aux hommes.

Les Marchands de Paris est un roman à lire et je vous le conseille fortement au bord de la piscine ; pas celle de Roubaix mais pourquoi pas, si l’envie vous en prend, au bord de la mer cet été.  Que vous soyez allongés ou assis au calme sous un arbre, je vous garantis des fous rires.  C’est frais. C’est hilarant et à la fois si proche de la réalité. Bonne lecture !

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Extrait (1)

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[…] S’ensuit une conversation interminable et incompréhensible sur une certaine Minnie. Minnie dont Léonie devine qu’elle n’a rien à voir avec Mickey. Edward est métamorphosé, une autre voix d’un autre ton, elle semble avoir été conviée à prendre le thé entre Camilla Parker Bowles et la princesse au petit pois.

« Qui est Minnie ! » Encore le rire de Jacques auquel fait immédiatement écho celui désormais plus grand lèche-cul de Paris, Edward. « Minnie voyons ! C’est Arielle Dombasle !

  • Ah bon ? Je ne savais pas qu’on l’appelait Minnie.
  • Pas dans Point de vue, Images du monde, non !

Minnie est descendante des Sonnery de Fromental côté paternel et de Garreau-Dombasle côté maternel.

Elle est comtesse c’est bien cela Jacques ? Ou Duchesse ? Je ne sais plus.

  • Oh, elle est BHLesse désormais ! Rires. Par politesse toujours, elle s’en tient les côtes. […]

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Extrait (2) à lire en PDF (site FLAMMARION)

Les marchands de Paris de Lise Kervennic est publié aux Éditions Flammarion. 320 pages – 137 x 209 mm Broché EAN : 9782080292254 ISBN : 9782080292254

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Signature/ Dédicace

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Lise Kervennec sera au salon du roman historique de Levallois les 1er et 2 juillet

Dédicace le 8 juillet 2023 à librairie nouvelles impressions de Dinard, 42 rue Levavasseur, 35800 Dinard

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Dominique LANCASTRE

Pluton-Magazine (abécédaire ) – Entre les lignes 2023

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