ENTRE LES LIGNES -L- : Les chemins d’exil et de lumière de Céline LAPERTOT.

Par Dominique LANCASTRE

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Que savons nous de ceux qui quittent leur pays à destination d’un autre ? Quand la guerre fait rage et que les têtes tombent, il est parfois nécessaire de quitter son pays natal pour l’inconnu. Gisèle et sa fille Karelle ne sont pas des émigrées comme les autres, elles ne sont pas arrivées par bateau clandestin après une traversée houleuse en Méditerranée mais bien par avion, en provenance du Congo. Là-bas, elles étaient chez elles et ne connaissaient pas la misère. En débarquant en France, qui plus est en se retrouvant parachutées en Alsace, elles vont connaître le parcours de misère où seule la dignité permet de garder la tête hors de l’eau.

Inspirée d’une histoire vraie que l’auteure a romancée, comme elle l’explique elle-même à la fin du roman, il n’en reste pas moins que c’est un brillant hymne au courage et à la résilience. Céline Lapertot par son écriture passionnée nous fait revivre les moments les plus difficiles dans le parcours d’un émigré. Elle nous parle de racisme sans le mentionner.

Le roman a cet avantage de nous présenter une autre facette de ce que nous peignent à longueur de journée les médias. L’insalubrité des hôtels d’accueil sous couvert des administrations, vivre au milieu des puces, des rats et trouver des moyens astucieux pour réchauffer un plat pour se nourrir.

C’est tout l’univers des foyers des demandeurs d’asile que l’auteur nous peint avec une écriture incisive mais avec clairvoyance. L’auteure n’est en aucun cas le porte-parole de ces migrants mais nous permet de découvrir, à nous lecteurs, un univers dont ignorons tout.

Les chemins d’exil et de lumière est un roman assez poignant car nous savons qu’il est inspiré d’une histoire vraie. L’auteure cependant a fait de cette histoire un hymne au courage en réservant un avenir prometteur à cette dame et à sa fille. C’est une bataille et un exemple pour nous tous.

Comme toujours, le but d’Entre les lignes ce n’est pas de vous raconter l’histoire mais de titiller votre curiosité. Il est évident que c’est un roman dont, une fois commencé, on a envie de connaître la fin car l’auteure utilise une stratégie bien particulière pour nous tenir en haleine jusqu’au bout. 

Cécile Lapertot est professeure de français et sans doute une passionnée des tragédies de Jean Racine. On retrouve d’une certaine manière dans la structure du roman une similitude avec la construction d’une pièce de théâtre en actes. Le roman est divisé en trois parties et Phèdre sert de lien car Karelle, congolaise, noire et battante, va jouer Phèdre, personnage blanc dans Racine. Céline Lapertot à travers ce roman nous distille, ici et là, des choses qui lui tiennent à cœur certainement et dont elle avait envie de parler.

 Son métier d’enseignante l’a certainement mise en contact avec de nombreux cas, des cas révélateurs qui ont servi de base pour l’élaboration de ce roman fort intéressant à tous les niveaux et que je vous invite à découvrir, car c’est un roman qui nous permet de faire la lumière sur l’exil et la condition humaine en cheminant avec Gisèle et Karelle sur des chemins pavés d’embûches. Les chemins d’exil et de lumière, de Céline Lapertot, Éditions Viviane Hamy.

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Extrait

Ce premier hôtel est au cœur de la ville.

À quel moment s’est-on dit qu’on pouvait laisser péricliter un tel lieu, quand des femmes et des enfants y vivent. Karelle se confronte à la misère humaine. Et ce n’est pas en Afrique. C’est dans cette petite chambre d’hôtel, celle dans laquelle on se demande tous les jours de quelle manière on va bien pouvoir manger, puisqu’il n’y a ni cuisine ni éventuelle salle commune. C’est dans cette petite chambre d’hôtel qu’elle discerne les contours de la définition du terme accueil.

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Auteure

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Céline Lapertot est professeur de français à Strasbourg. Depuis l’âge de 9 ans, elle ne cesse d’écrire. Elle s’est imposée comme une auteure à suivre de la littérature française contemporaine. Ses cinq ouvrages : Et je prendrai tout ce qu’il y a à prendre (2014), Des femmes qui dansent sous les bombes (2016), Ne préfère pas le sang à l’eau (2018), Ce qui est monstrueux est normal (2019) et Ce qu’il nous faut de remords et d’espérance (2021), ont tous paru aux Éditions Viviane Hamy.( Sce Viviane Hamy) .

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Dans l’univers de Céline LAPERTOT

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CHEZ VIVIANE HAMY : http://www.viviane-hamy.fr/les-auteurs/article/celine-lapertot?lang=fr

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ISBN : 9782381401140 Pages : 180 p. Prix : 18 €

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Par Dominique Lancastre

Pluton-Magazine abécédaire 2023

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