Boarding Pass : aéroport de Bangkok Suvarnabhumi

logopluThaïlande. Aéroport international de Bangkok Suvarnabhumi. L’un des plus importants au monde. Une fois terminées les formalités de départ, prêt à rejoindre les portes d’embarquement, le voyageur passe immanquablement devant une vaste fresque sculptée, grandeur nature. C’est l’attraction incontournable du lieu, au style et à l’ornementation impressionnante, qui a été photographiée des millions de fois.

 

Mais que représente cette figuration, très prisée des touristes, mais qui prennent rarement le temps d’en comprendre la signification ? Il suffira de se pencher un peu. L’explication, certes liminaire, se trouve sur un panneau au pied de la fresque.

“Scène du barattage de l’Océan laiteux”. Voici la traduction du thaï – littérale – du titre de l’œuvre. On l’appelle aussi la scène de Vishnu Kurmavatara. En bref : le Naga sacré (le roi des serpents) est enroulé autour de la montagne Mandara, en plein milieu de l’océan. Le dieu Vishnu se trouve en haut de cette montagne. Il est aussi incarné par une tortue géante (Kurmavatara ou Koorm Avatar), qui porte la montagne sur son dos (photo ci-dessous). Des démons (Asuras, sur la gauche) et des demi-dieux (Devas) se disputent le corps du Naga afin de gagner les bienfaits de l’océan pour les milliers d’années à venir. Car l’Océan laiteux recèle de l’Amrita, le nectar de l’immortalité que l’on « baratte » des eaux. Dans cette lutte, les Devas l’emporteront et obtiendront l’Amrita, pendant que les Asuras seront renvoyés en enfer. C’est la partie d’une longue et complexe histoire que décrit la fresque.

 

Zone des départs de l'aéroport international de Bangkok (c) Ph. Triay
Zone des départs de l’aéroport international de Bangkok (c) Ph. Triay

 

Comme dans tous les grands mythes, le Bien finit donc par triompher. Et à l’aéroport de Bangkok, on pourra contribuer, symboliquement, à la permanence du Bien et à l’harmonie générale en versant son obole au pied de Vishnu, dans l’urne prévue à cet effet. Un dernier clin d’oeil à la traditionnelle Thaïlande, si fière de son héritage, avant de regagner d’autres cieux. C’est aussi une invitation à se plonger dans la passionnante mythologie hindoue qui constitue l’un des fondements de la culture thaï.

 

 

Les demi-dieux (Devas) disputent le Naga aux démons (c) Ph. Triay
Les demi-dieux (Devas) disputent le Naga aux démons (c) Ph. Triay

 

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About Philippe Triay

D’origine martiniquaise, Philippe Triay est journaliste à France Ô, la chaîne du groupe France Télévisions consacrée aux Outre-mer, où il traite principalement de thématiques culturelles. Il a publié en 2015 un essai sur les écrivains martiniquais Aimé Césaire et Frantz Fanon ("Pour une lecture fanonienne de Césaire", éditions Dagan, Paris), ainsi que "Barbaries" en 2016 aux éditions du Manguier, un recueil de poésie illustré par le peintre guadeloupéen Romain Ganer. Son dernier livre, un récit intitulé "La fin de l'insouciance", est paru en mars 2018 aux éditions du Manguier.

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