Préjugés sur la danse au masculin …

 

12193646_422714154586486_1253509034728009166_nBeaucoup de gens se demandent souvent ce qui peut bien pousser un jeune garçon à vouloir devenir danseur. Pas juste un simple danseur du dimanche ou encore de hip-hop, mais un danseur classique professionnel … et cela malgré les à priori et les préjugés  auxquels peuvent  faire face tout garçon choisissant d’exercer cette activité artistique et d’en faire un métier qui de plus, n’a rien de banal.

Le sociologue Pierre-Emmanuel Sorignet met en avant les dimensions sexuées et sexuelles de la profession qui prend sa source à partir du soit-disant caractère féminin du métier et le lieu commun de l’homosexualité. La danse serait ne qu’une activité de fille et de «tapettes». La danse comme tout métier artistique permet sûrement à certains homosexuels masculins de vivre leur sexualité de façon plus sereine que dans d’autres sphères professionnelles.  L’engagement du danseur peut être l’expression d’une identité masculine homosexuelle et l’expression de son moi personnel.  Certains garçons choisissent la danse pour des raisons bien plus simples,  rencontrer les filles  …

Bien que la danse, ou plus exactement la danse classique, ne soit pas un domaine exclusivement réservé à la gente féminine, les garçons  n’ont pas toujours été présents en grand nombre. C’est une situation très banale dans le monde occidental où très peu d’hommes osent franchir le pas par manque d’assurance. Malgré cela, depuis quelque temps, on assiste de plus en plus à une augmentation importante de danseurs masculins s’adonnent à cette forme artistique … Un phénomène qui ne semble pas être prêt de s’arrêter.  En revanche, il ne cesse de progresser. Et heureusement d’ailleurs. Je me souviens qu’à mes débuts, j’étais le seul garçon en collant et demies pointes . Cela ne me déplaisait pas outre mesure pour autant. Je me souviens aussi de ces moments d’excitation difficiles à exprimer verbalement . De même, il m’était impossible de partager avec d’autres des sentiments que moi seul vivais.  Aussi, je comprends très bien la situation délicate dans laquelle certains jeunes gens pouvaient se trouver quand ils  avaient décidé d’embrasser une carrière dans la danse. Notamment, quand il fallait expliquer à des parents pas toujours compréhensifs ou coopératifs des motivations de choix qu’eux -mêmes ne savaient pas grand-chose.

Pourquoi ce revirement de situation? L’enseignement de la danse aurait-il évolué ?

Oui!  La pratique de la danse est devenue bien plus athlétique qu’avant. Il faut avoir de l’endurance physique pour assurer trois heures de spectacles et porter à bout de bras les danseuses. Tout cela demande de la technique et et de la puissance qui ne s’acquièrent qu’avec des exercices assidus d’endurance.  C’est d’ailleurs à cause de ce changement dans la formation que  beaucoup de danseurs sont, de nos jours,  comparés ou assimilés à des athlètes de haut niveau.  Ce qui n’est pas pour déplaire à certains qui , toutefois, entretiennent  une polémique entre sport et danse en tant que forme artistique … Le plus souvent,  Il suffit d’un simple élément déclencheur, comme un film , un spectacle de danse ou, peut-être, se trouver devant un studio de danse et y entrer pour que la magie s’opère . Quelques fois, les parents y sont pour quelque chose.  Un jeune garçon qui décide de se consacrer à cet art a, néanmoins besoin  d’ être soutenu par tous les moyens possibles et  disponibles. Et sa décision ne devrait point être prise à la légère.

Il est évident que les raisons du choix  sont multiples et différentes . Mais, la majorité des danseurs sont animés par un grand désir  de s’exprimer artistiquement  en tant que danseur et rien d’autre. Beaucoup de personnes extérieures à ce milieu ne peuvent vraiment pas comprendre que seule la danse  anime  le danseur.  Alors préjugés ou pas, il ne se laissera pas décourager pour autant par les qu’on dira-t-on de certains sur son choix  même s’il doit aller à l’encontre de l’avis de ses parents.

L’histoire d’Iman Delbois 12 ans-jeune  danseur martiniquais en devenir dont le nom ne vous dira certainement pas grand-chose pour l’instant-  est des plus simples . Mais, son histoire est  si commune ; elle ressemble à celle de  tant de jeunes qui décident d’entreprendre une activité artistique telle que la danse. J’ai eu la possibilité de m’entretenir avec lui quelques jours avant son départ vers la grande aventure des studios de danse . J’ai tout de suite compris que le film Billy Elliot a été l’élément  déclencheur de son désir pressant de danser. Un désir qui ne l‘a plus quitté depuis. Un phénomène assez propre à beaucoup de jeunes danseurs qui du jour au lendemain  décident de danser, sans crier gare, en laissant tomber tout autre activité … Le voilà donc s’essayant  au Centre de Danse de Marlène Zecler, à Bellevue, Fort de France, Martinique . Iman Delbois va même tenter plus tard le concours d’entrée à l’école de danse de l’Opéra de Paris. Concours  qu’il n’a malheureusement pas réussi.  Cet échec ne l‘arrêtera pas pour autant puisqu’il est accepté plus tard à l’institut « Ballet Etudes La Sylphide » de Lyon en France fondée en 1981 par Marie-Christine Favre . Depuis septembre 2016, Iman Delbois développe son art tout en continuant ses études académiques à travers le programme aménagé et pluridisciplinaire qu’offre l’école. Un tremplin qui  le conduira certainement  sur la route du progrès et de la connaissance . Cela contribuerait à son épanouissement  personnel, culturel et intellectuel en tant que danseur .

Sur la durée, la seule volonté de  danser ne suffira  à garantir un cheminement des plus harmonieux à l’accomplissement du rêve. Tant d’obstacles se dressent sur la route d’un artiste : seul un danseur doué et solide psychologiquement  arrivera à les  franchir . Et même s’il y parvient, cela  ne traduit pas toujours le succès tant convoité comme l’entrée dans les plus grandes compagnies de danse  ou  l’accès aux plus grandes scènes internationales.

Il n’est pas toujours nécessaire d’avoir un plan de carrière bien réfléchi et préétabli pour danser professionnellement. En ce qui me concerne, je n’en ai jamais eu. Seule ma volonté et un amour sincère pour la danse en tant qu’expression artistique m’ont conduit  à là où je me trouve actuellement : professeur de danse moderne et chorégraphe .

Quant à Iman, je ne sais pas jusqu’où tout cela  le mènera . Personne, d’ailleurs ne le sait et encore moins lui-même.  Il est à Lyon prêt à tout pour prendre son envol.  Le temps et la patience nous permettront d’être témoins de son cheminement… En attendant,  nous pouvons toujours le soutenir ne serait-ce que financièrement. Un appel au don a été lancé sur internet.  L’adresse   se trouve à la fin de l’article …

Merci de m’avoir lu

Alain « Dobrah » Michigan

Secrétariat rédaction Fatima Chbibane

Copyright Pluton-Magazine/2016

Lien où vous pourrez laisser vos dons

https://www.leetchi.com/c/anniversaire-de-iman-7469483#utm_source=mail_service_fr&utm_medium=participation_fundraiser_ok_fr&utm_campaign=mail_service_participation

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