Une promenade en poésie-saison 2: « Le bel incendie », Ernest PEPIN

 Ernest PEPIN

 

Dans Le bel incendie, le poète chante une femme : femme « d’embruns brûlés », femme « plus tendre que le cœur du déluge », femme coquillage, « femme-monde ». A travers elle, c’est « l’immense odyssée des nations », l’Afrique, l’Inde, l’Europe, que célèbre le poète. L’humanité, comme la nature, puise sa richesse de la diversité. A l’image d’Édouard Glissant, auquel il rend un vibrant hommage, Ernest Pépin chante le « Tout-Monde » à la croisée des vents. Avec lui, chaque être est une île, l’île est un volcan et le volcan le monde.

(Présentation Editions Bruno Doucey)

 

 

 

 

 

 

Femme aux tempes de pierre polie

Aux temples couleur de jungle

Qui conjure un mauvais sort

Danse de couleuvres

Terre tremblée

Cri mouillé 

Femme du fond des nuits

Qui sort les pagaies lumineuses

De sa révolte

Épouse de aurores boréales

Ruche zélée des moussons

Remuant les vagues du commencement

 

 

 

Il fait toujours soleil

Dans la splendeur des songes

Et la roue de tes mains

Lavée du plus beau sang

Au nom du chant des mers disparues

Témoigne

 

 

Un livre bleu

Sans chapitre

Sans page

Où flottent des mots

Cousus

Décousus

Des barques de papier

Des larmes de luxe

Et ce sourire qui cisèle tes lèvres

Ce sourire si rouge

Si passion

Si midi

Si sang

Qu’on dirait

La fleur jamais éteinte de poinsettia

 

 

Femme lointaine

Et qui réveille les mots

Quand tout le bleu de l’air

Se réjouit du cri de l’orage

Quand la lumière porte son fruit

A l’arbre émerveillé

 

 

 

J’ai demandé au paysage d’aimer vos cheveux

Car ils sont les amis des algues

Et des lueurs de l’océan

Fête du songe et des rumeurs

Choses ferventes au toucher

Couleur de laque

J’ai demandé au paysage

D’amarrer le vent à vos cheveux

Tel un panache victorieux

Une calligraphie rebelle

Ou un nuage à boire

C’est quand vous êtes nue que vos cheveux sont

vrais

 

 

Femme d’embruns brûlés
Et de bourgeons d’étoile
Qui crayonne les cyclones
La monture des marées
Et par ravine chaude où sommeille ta chaleur
Redonne au monde le bel incendie
La première étincelle
La parole inconsolée des mythes

 

Le bel incendie est publié aux Editions Bruno Doucey. ISBN 978-2-36229-033-6 • 64 pages • 6.10 €.

« Avant de se consacrer pleinement à l’écriture, Ernest Pépin commence sa carrière en tant que professeur de français, puis il sera critique littéraire , animateur d’émissions littéraires sur France 3, et homme politique (consultant à l’ Unesco…).

De 1985 à 1995, il occupe le poste de chargé de mission au cabinet du conseil général de la Guadeloupe , avant d’y être promu directeur-adjoint. Il occupe ce poste pendant cinq ans. En mars 2001, il est nommé directeur des affaires culturelles, au même conseil général

En 1984, il publie son premier recueil de poésie, Au verso du silence. Sept ans plus tard paraît Boucan de mots libres, un recueil publié aussi en espagnol sous le titre Remolino de palabras libres, et qui obtient le prix Casa de las Americas en 1991 . Mais c’est son premier roman, L’Homme au bâton, paru l’année suivante (1992) , qui lui apporte la reconnaissance. Suivront Tambour-Babel (1996), sélectionné pour les prix Goncourt et Renaudot , et Le Tango de la haine (1999), tous deux publiés chez Gallimard » (Sce Wiki)

 

 

 

 

Pluton-Magazine/2017

Une promenade en poésie/2017

Documents wiki

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