[Littérature] GRANDS PRIX SGDL de Printemps 2023.

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Samedi 18 mars à 18 heures,  la Société des Gens de Lettres (SGDL) rassemblait à l’hôtel de Massa les lauréats de ses « Grands Prix SGDL de printemps 2023 » pour une soirée très festive. C’est devant un parterre d’invités enthousiastes venus partager la joie de ces lauréats que débuta la soirée. Des invités venus d’Espagne, du Royaume-Uni, de Guadeloupe et des États-Unis, mais qui avaient fait le voyage pour venir féliciter leur auteur primé.

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Tour à tour les auteurs primés furent conviés à se rendre sur scène ou des extraits de leurs œuvres furent lus par des membres de la SGDL. Ces petites séances de lecture fort intéressantes permettaient de découvrir les œuvres dans leur ensemble. Une librairie était à disposition pour permettre aux invités de repartir avec les œuvres ayant retenu leur attention.

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Ont été primés lors de ce festival « Espèces d’auteurs » pour les grands prix de SGDL de Printemps 2023, les auteurs suivants :

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Dominique LANCASTRE, Adrien GENOUDET, Laurence BIBERFELD, Marielle MACÉ, Jean-Michel ESPITALLIER, Jane SAUTIÈRE, Guillaume POIX,

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– Grand Prix SGDL de la Fiction : Jane SAUTIÈRE, Corps Flottants, Verticales.

– Grand Prix SGDL de la Non-Fiction : Marielle MACÉ, Une pluie d’oiseaux, coll. « Biophilia », éditions José Corti.

– Grand Prix SGDL de Poésie : Jean-Michel ESPITALLIER, Tueurs, Inculte.

– Grand Prix SGDL du Roman Jeunesse : Laurence BIBERFELD, Malencontre, coll. « Faction », éditions IN8.

– Grand Prix SGDL de la Fiction Radiophonique : Guillaume POIX, Soudain, Romy Schneider, « L’Atelier fiction », France Culture.

– Prix Révélation de Printemps (2° roman) : Adrien GENOUDET, Le Champ des cris, Seuil.

– Prix Christiane Baroche pour un Premier Recueil de Nouvelles : Dominique LANCASTRE, La Confiseuse, éditions Nèg Mawon.

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L’hôtel de Massa est un hôtel très particulier avec une histoire très particulière comme l’indique le site de la Société des gens de Lettres.

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« Hôtel particulier du XVIII° siècle, de style néoclassique, s’élève à l’origine sur l’avenue des Champs-Élysées, alors en pleine campagne. L’hôtel est d’abord une « folie », abritant – selon la tradition – les amours clandestines du Comte d’Artois, frère de Louis XVI.

Après avoir connu plusieurs propriétaires, il est acheté en 1926 par Théophile Bader, président des Galeries Lafayette, et André Lévy, investisseur immobilier, pour son emplacement privilégié.

L’hôtel, classé monument historique, ne peut toutefois pas être transformé en immeuble commercial. Sur intervention d’Edouard Herriot, ministre de l’Éducation nationale et écrivain, il est donné à l’État avec mission d’y loger la Société des Gens de Lettres. Son déplacement, pierre par pierre, rue du Faubourg Saint-Jacques est un des grands chantiers de l’entre-deux guerres.

La SGDL s’y installe en 1929. À cette occasion, l’hôtel est doté d’un précieux mobilier « Art déco » réalisé par la maîtrise des Galeries Lafayette, sous la direction de Maurice Dufrène. » ( Document SGDL)

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C’est donc dans ce lieu magnifique et chargé d’histoire que s’est poursuivie la soirée avec un cocktail et un petit concert de jazz, musique jazz manouche du Quartet à claques, avec Herve Pouliquen (guitare et chant), Alexis Pivot (clavier), David Georgelet (batterie), Matthieu Bloch (contrebasse). Les invités ont pu à cette occasion rencontrer les auteurs et échanger avec eux.  Une soirée donc très réussie et on ne peut que souligner le savoir-faire de la SGDL, une organisation au service des auteurs et pour les auteurs.

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De petits débris flottent et se déplacent dans le vitré, projetant parfois des formes sur la rétine. Ce que l’œil perçoit est l’ombre de ces corps flottants. Comme dans un cosmos, certains se satellisent et s’agrègent. J’ai vécu mon adolescence à Phnom Penh de 1967 à 1970. J’en ai si peu de souvenirs que j’ai laissé toute la place à ces traces, des ombres projetées. En résille, des silhouettes apparaissent, font signe, celles des parents, de mes camarades de lycée, d’un grand amour. Celles aussi auxquelles la violence de l’Histoire nous attache. Ici, à Paris, le temps est blême, c’est l’hiver, il est 17 heures, il fait huit degrés. Là-bas, à Phnom Penh, la nuit est totale, il est 23 heures et il fait vingt-six degrés. J’ai voulu écrire dans les deux fuseaux horaires, dans les deux latitudes. Écrire au crépuscule qui est avant tout la survivance de la lumière après le coucher du soleil.J. S.

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Nous sommes attachés aux oiseaux, depuis longtemps et par des liens de toutes sortes : par l’émerveillement, la curiosité, la chasse, les rites… Par la langue aussi, car la virtuosité des oiseaux et leur façon d’enchanter les paysages posent aux hommes la question de leurs propres langages, de ce que leur parole à eux sait déposer de bien dans le monde. L’histoire de la poésie est d’ailleurs en grande partie consacrée à dire et entretenir ces attachements. Or voici que les oiseaux tombent, comme une pluie. En quinze ans, près d’un tiers des oiseaux ont disparu de nos milieux. On les entend mal. Ils se remplissent de virus, de plastique et de mauvaises nouvelles. Les comportements se dérèglent, et eux qui étaient les horlogers du ciel sont à leur tour déboussolés. Alors, on tend l’oreille, on essaie de traduire les alertes et d’écouter mieux. Ce livre explore la force de ces attachements, et pense ce nouveau rendez-vous que nous avons avec les oiseaux, à présent qu’ils disparaissent.

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« La table de l’écrivain n’est jamais éloignée de quelque charnier » : cette phrase de Boubacar Boris Diop, qui figure au fronton du nouveau livre d’Espitallier, rend assez bien compte de ce qu’est Tueurs : un livre où alternent, dans un jeu de miroir glaçant, descriptions d’exactions commises en temps de guerre et propos tenus par ceux-là-même qui les ont commises. Les descriptions composent une fresque impitoyable, tandis que les propos des « tueurs » font ressortir la pire idéologie qui soit : l’autorisation de tuer aveuglément. Un diptyque saisissant dans lequel – qu’il s’agisse de tueurs au Rwanda, en Afghanistan, en France ou ailleurs – l’homme qui assassine se voit accordé le droit d’être un monstre sourd.

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Luiza, réfugiée cap-verdienne à Paris, élève, seule, Marco, son fils de dix ans. Seule ? Pas tout à fait : il y a aussi Zazou, le furet que le garçon a adopté malgré l’odeur et les réticences de l’assistante sociale, pour qui une bête à poils ne devrait partager le studio microscopique d’un enfant épileptique et asthmatique. Mais un matin, la mère et l’enfant quittent l’appartement en catimini pour s’inventer une vie ailleurs. Ils rassemblent leurs maigres affaires, s’engouffrent dans le métro et Zazou est bien sûr du voyage. Pas certain qu’il reste au fond du sac. Surtout quand le brutal Joaquim, qui cherche Luiza depuis des années, monte à son tour dans la rame. Un furet, ça court, et le roman cavale. Une course-poursuite poignante qui met en lumière l’amour fou entre une mère et son petit garçon.

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Au bout de l’impasse du Champ-des-Cris se trouve la maison d’Onésime, inhabitée depuis sa mort. Après une déconvenue personnelle, le narrateur, qui a passé là une partie de son enfance, décide de s’y installer. Il a pour seule compagnie Nicole, une vieille voisine qui fut jadis le premier amour d’Onésime. Ensemble, ils œuvrent à élucider le passé. Nicole lui révèle des pans insoupçonnés de l’existence d’Onésime, ancien maquisard, personnalité taciturne et énigmatique intimement marquée par les violences de son temps.

Dans ce roman au style éblouissant, Adrien Genoudet explore la mémoire d’un lieu pour brosser le portrait sans concession d’une période qui, aujourd’hui plus que jamais, continue de trouver écho en nous. À travers le personnage inoubliable d’Onésime, Le Champ des cris arpente nos hantises – et rend sensibles les vies abîmées par les drames du siècle, les tumultes de la Résistance, les ambivalences de l’Histoire.

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Soudain Romy Schneider évoque la vie et l’œuvre d’une actrice iconique. Ses partenaires de jeu dialoguent avec les personnages interprétés par la comédienne pour tenter d’approcher, par la fiction, une part de son mythe. Ce texte interroge aussi, en filigrane, l’ambiguïté du regard masculin sur cette star d’origine autrichienne dont les soixante-trois films révèlent un impensé de l’histoire européenne et cinématographique. Avec ce texte à la lisière du théâtre, de la parodie et du roman, Guillaume Poix réinvente la biographie littéraire fictionnée.

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.« Lorsqu’il atteignit le bas de la côte, il entendit Buffalo Soldier qui tambourinait chez la Confiseuse. Il s’arrêta net, tendit l’oreille. Oui, c’était bien Bob Marley qui chantait dans le poste radiocassette de la Confiseuse. Il laissa derrière lui la Confiseuse et ses mystères. Il se sentait déjà mieux. Il esquissa un pas de danse en sifflotant, secoua la tête. La Confiseuse était vraiment une femme extraordinaire. Il était content de rentrer chez lui. » Avec La Confiseuse, nouvelles des alizés, Dominique Lancastre, en parfait conteur, nous amène à la rencontre de dix femmes qui évoluent dans une ambiance féerique. C’est par l’intermédiaire d’Antoine, seul personnage récurrent, fil conducteur de ce recueil, que nous découvrons ces femmes aux pouvoirs si particuliers. Sa voix de narrateur, de conteur, plane comme un air de musique sans jamais quitter nos esprits. L’auteur nous invite dans son monde imaginaire, un monde dans lequel il s’évertue toujours à brouiller les frontières qui séparent le réel et l’irréel, rendant ainsi ses nouvelles énigmatiquement attrayantes.

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Didyer Mannette (Editeur Editions Nèg Mawon), Véronique Polomat de (France TV la 1ere(, Caroline Chu ( filmdirector de Londres),( Euzhan Palcy Filmdirector Los Angeles), Yassir Mechelloukh ( Chercheur Casa de Velasquez Espagne) , Stecy Lancastre (La nouvelleSam Guadeloupe)

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Pluton-Magazine /Paris /2023

Crédit Photos : SGDL Photographe Yann AUDINO

Lien: https://www.sgdl.org/

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