JAPON-CHINE
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J’éternue
Et perds de vue
L’alouette.
Haïku
Yokoi Yayu
1701-1783
Même le bruit de la cascade
S’est affaibli –
Le chant des cigales.
Haïku
Chiyo-Ni
1703-1775
Ma femme –
Elle porte notre enfant
Pareil à la lune croissante.
Haïku
Nakamura Kusatao
1901-1983
Pluie de printemps –
Toute chose
Embellit.
Haïku
Chiyo-Ni
1703-1775
Il n’y a rien
Dans mes poches
Rien que mes mains.
Haïku
Sumitaku Kenshin
1961-1987
Le mendiant –
Il porte le ciel et la terre
Pour habit d’été.
Haïku
Takarai Kikaku
1661-1707
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(Ve-VIe S. av. J.-C.)
Connaître l’univers.
Entrevoir la voie du ciel.
Le plus loin on se rend
Moins on connaît.
Ainsi le sage
Connaît
Sans avoir besoin de bouger
Comprend
Sans avoir besoin de regarder
Accomplit
Sans avoir besoin d’agir
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Li-Taï-Po
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LA ROSE ROUGE
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L’épouse d’un guerrier est assise près de sa fenêtre.
Le cœur lourd, elle brode une rose blanche
sur un coussin de soie.
Elle s’est piqué le doigt !
Son sang coule sur la rose blanche,
qui devient une rose rouge.
Sa pensée va retrouver son bien-aimé qui est à la guerre
et dont le sang rougit peut-être la neige.
Elle entend le galop d’un cheval…
Son bien aimé arrive-t-il enfin ?
Ce n’est que son cœur qui bat à grands coups dans sa poitrine…
Elle se penche davantage sur le coussin,
et elle brode d’argent ses larmes qui entourent la rose rouge.
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Li-Taï-Po
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Comme un sabre,
Le fleuve Ts’ou a fendu la montagne.
Cette jonque d’or, là-bas, sur le fleuve… Non
C’est la lune qui se lève
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(772-845)
L’OMBRE D’UNE FEUILLE D’ORANGER
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Seule dans sa chambre,
Une jeune fille brode des fleurs de soie
Elle entend soudain le son d’une flûte lointaine…
Elle tressaille.
Elle imagine un jeune homme lui parlant d’amour
À travers le papier de la fenêtre,
L’ombre d’une feuille d’oranger se pose sur ses genoux…
Elle ferme les yeux.
Et rêve qu’une main déchire sa robe
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