La santé pour tous : mythe ou réalité

.

Par Georges Cocks

La vie n’a pas de prix, et pourtant, les faits prouvent bien le contraire, triste réalité.

Il y a des promesses que l’on ne peut pas tenir, et il y a des promesses que l’on ne tient tout bonnement pas. Nous vivons une époque où il y a de plus en plus de malades et de maladies qui se propagent très facilement d’un point à l’autre du monde. Covid, variole du singe sont les dernières en date. Durant la pandémie de Covid, nous avons assisté à une crise sans précédent qui a mis en lumière les limites et les failles du système mondial de santé. La gestion du pouvoir et de la santé est comme l’immixtion du pouvoir dans la religion. Ces deux-là ne font pas bon ménage. Les conséquences n’en n’ont été que catastrophiques par endroit, car l’intérêt qui devrait être accordé au soin se trouvait sur la même portée musicale que l’intérêt financier. La vie n’a pas de prix, et pourtant, les faits prouvent bien le contraire, triste réalité.

.

Une veille sans veille

.

En 1948, sous l’égide de l’ONU, est créée l’Organisation Mondiale de la Santé. Selon sa constitution, l’OMS a pour objectif d’amener tous les peuples des États membres et partenaires au niveau de santé le plus élevé possible, la santé étant définie dans ce document comme un état de complet bien-être mental et social et ne consistant pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité.  La démarche est bien entendu dans une logique conforme à l’attente de la situation mondiale alarmante. Ne rien faire contribuerait à amplifier la dégradation de la situation sanitaire de tous les pays, qu’ils affichent ou non des performances de santé différentes.

Pourtant, certaines voix se sont élevées pour pointer du doigt la neutralité de cette organisation dans la gestion qui se veut modèle, pertinente et efficace. Les fonds destinés à son financement remettent en cause sa capacité à être objective et impartiale. Vivement critiqué pour la gestion de la crise du Covid, en octobre 2020, son conseil exécutif se réunit pour se réformer au plus vite. En cause, quelque six mois avant, le président D. Trump déclarait le 29 mai mettre fin à la relation avec l’OMS. Il accusait l’organisme d’avoir mal géré et dissimulé la propagation initiale du Covid en Chine et de ne pas avoir adopté une position plus ferme envers ce pays. Pour rappel, les USA contribuent à l’OMS à hauteur de plus de 400 millions de dollars annuels. Ils sont le premier donateur de cette organisation avec une contribution annelle dix fois supérieure à celle de la Chine.

Aujourd’hui, il est difficile de dédiaboliser dans l’esprit de tous le fait que la question financière place cette organisation dans une position inconfortable qui la contraint à  prendre des décisions très légères, là où il faudrait être très sévère. Des décisions qui continuent non pas à protéger, mais à mettre en péril la santé de certaines personnes fortement impactées, les autres l’étant de façon indirecte.

.

Deux poids, deux mesures

.

Si l’objectif, comme se défend l’OMS, est d’apporter à tous les hommes de la planète une santé meilleure autant que possible, il y a certaines choses qui restent floues et inexplicables d’un point de vue éthique, mais nous savons que l’éthique face à l’économique n’est que sans valeur. C’est une spoliation de droit à la vie que d’agir de la sorte. C’est ainsi, par exemple, que dans un pays comme la France ou certains pesticides sont désormais interdits, on retrouve ces produits dans l’assiette et l’organisme des Français. Comment ? Tout simplement, parce que dans des pays comme le Brésil, gros vivier de l’Europe, où nos grandes enseignes de supermarchés s’approvisionnent, les pesticides ne sont pas interdits, et qu’aucune législation ne s’y oppose. Les Brésiliens s’empoisonnent lourdement, polluent leur eau et empoisonnent indirectement le reste du monde. L’homme étant  censé anticiper, comprendre et agir, pourquoi existe-t-il en libre circulation des substances néfastes pour lui ? Qu’anticipent et comprennent les veilles sanitaires et les observatoires épidémiologiques, et pire, comment agissent-ils ? Nous avons toujours du mal à retirer un produit dangereux pour l’homme et son environnement et le conservons au profit de la problématique économique.

Il est devenu inquiétant dans cette période noire de Covid de souffrir d’obésité. Une situation devenue dramatique pour certains et compliquée pour d’autres. Nous savons tous que la malbouffe est l’un des premiers responsables. Même un enfant de huit ans, éduqué par ses parents, le répétera, mais que remarquons-nous ? Même constat qu’avec les pesticides. Les grands groupes de restauration rapide s’implantent à tour de bras dans des pays pauvres où l’on souffre parfois de malnutrition, ou les gens ont un Indice de Masse Corporelle convenable, donc une situation d’obésité acceptable, pour dégrader le bénéfice santé qu’ils avaient. Ces produits surchargés en graisse, en sel et en sucre, sont vendus à des prix dérisoires et rendent accros les nouveaux consommateurs qui en raffolent. Mais le plus étonnant, c’est que dans les pays industrialisés, ces multinationales ont baissé les valeurs en sel, graisse et sucre jusqu’à dix fois par rapport aux nouvelles implantations. C’est une catastrophe sanitaire sans précédent qui se prépare et l’alerte est déjà donnée. Mais il est impensable que ce genre d’irresponsabilité collective puisse se produire. Aucune juridiction n’est en mesure d’imposer la loi du meilleur partout, pour tous, ni de s’assurer qu’elle serait appliquée si elle était promulguée.

Il n’y aurait pas besoin de sortir des chiffres à tourner la tête comme le président américain Joe Biden qui annonce fièrement une enveloppe de 434 milliards comprenant 370 milliards de dollars pour honorer les objectifs très ambitieux sur le climat et seulement 64 milliards de dollars ridicules pour la santé. Un pays où l’accès aux soins est très inégal et certains traitements vitaux sont si hors de prix qu’il faut contracter des emprunts pour se faire soigner.

.

Briser le mythe

.

Il n’en coûterait que la responsabilité et l’honnêteté des grands acteurs à prendre des décisions gratuites honorables avant de dépenser des sommes faramineuses pour faire tenir un sparadrap sur une chambre à air. Imposer une législation unique contre tout ce qui favorise la dégradation irrémédiable de la santé et de l’environnement des humains partout, où qu’ils soient. Un homme en Inde est le même qu’en Afrique et est le même qu’en France. sa position géographique ne le rend pas moins vulnérable qu’un autre, et la situation non précaire d’un pays ne devrait pas devenir une référence par rapport à un autre pays pauvre. Une vraie veille, une vraie volonté de changement s’imposent. Si telle était la volonté, cela aurait déjà poussé l’OMS à imposer ces législations, et la seule sanction serait le refus d’implantation, ou de production pour garantir une santé pour tous, contre tous ceux qui ne respecteraient la règle.

Mais le mythe sera toujours là. On dirait presque que nous avons un problème très grave dans notre rapport avec l’argent et le fondement du bien. Les leviers sont simples, il suffit de les ratifier. Mais la complexité de la tâche révèle indéniablement qui dirige le monde.

.

Rédacteur Georges Cocks

©Pluton-Magazine/2022/Paris 16e

Retrouvez tous les articles de Georges Cocks sur Pluton-Magazine

Par Georges COCKS
Écrivain- Éditeur-Poète-Romancier

Nos articles complémentaires :

La santé publique se porte-t-elle bien ?

Un monde de malade

Laisser un commentaire

*