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Par Cocks Georges
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Nous sommes littéralement entrés dans une ère nouvelle du digital, du virtuel et de l’intelligence artificielle. Penser pour rendre la vie plus facile pour les utilisateurs de ces innovations fait aussi le bonheur des employeurs. De plus en plus nous constatons que cette facilité ouvre la voie à une forme d’artifice, un simulacre de la vérité généralisée, distillé en goutte à goutte pour rendre l’accoutumance plus naturelle.
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L’image, depuis très longtemps, joue un très grand rôle dans notre société. L’apparence, source de discrimination, de favoritisme mais aussi d’illusion, s’affiche dans la tricherie. Nous voulons être plus beaux et plus belles. Nous voulons rêver et les smartphones jouent bien ce rôle. Les nouvelles options de ces téléphones sont dotées de filtres particulièrement performants pour améliorer non seulement la qualité de la photo mais aussi la fraîcheur et la beauté de celui qui s’y trouve. Les faux profils qui pullulent sur les réseaux sociaux reprennent des images de superbes filles ou de beaux gosses pour tromper. On les appelle les arnacoeurs. Ils subtilisent parfois des milliers d’euros à leurs victimes et en ruinent certaines. Ils sont passés maîtres dans l’art de la prestidigitation, eux aussi, mais le divertissement est loin d’être un régal pour les yeux.
La nouvelle tendance sur les réseaux est de se présenter comme on aurait rêvé d’être, toujours plus beaux, toujours plus forts et les applications pour ce jeu de la séduction et de l’explosion des likes ne manquent pas d’astuces. Indirectement nous acceptons de rentrer dans un jeu du faux et quand le niveau évoluera on sera prêt pour tout accepter, le bon comme le pire.
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Avons-nous du mal à nous accepter
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Miss univers ne sera jamais la plus belle femme du monde et tout le monde le sait. Il y a et il y aura forcément quelque part dans le monde quelqu’un qui sera meilleur que celui qu’on aura placé sous le projecteur. La société a changé les codes de la beauté. L’influence de la publicité, de la mode, des influenceurs a changé le regard des gens dans leur propre miroir. On veut tous ressembler à quelqu’un d’influent. Ce phénomène entraîne un manque de confiance en soi et se solde parfois de façon très dramatique. Chez les jeunes le problème inquiète encore davantage. L’inacceptation de soi modèle une forme d’analogisme et en même temps d’illogisme chez les gens. Mais on ne veut ressembler que d’apparence seulement. Les valeurs et les qualités ne sont pas importantes. On peut même voir la belle tête d’une personne qui est en fait très moche de l’intérieur mais cela n’est pas grave. Ce qui compte c’est ce que l’on voit.
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L’Intelligence artificielle en faux ?
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– ChatGpt
L’IA en ferait-elle trop ?
Décriée par certains, appréciée par d’autres, nous ne pouvons que constater que l’IA nous rapproche de plus en plus de l’artifice. Il n’y aurait plus de limite entre individus ou serait-ce un aveu de nos propres limites ? Certains diront que c’est une belle opportunité que de donner une chance à tout le monde. Sommes-nous alors parvenus à accepter que le dernier de la classe rende la copie du meilleur élève ? Quel sens cette bonne note a-t-elle si l’individu n’a pas les compétences et les bases requises ? Élevons-nous la société en faisant ainsi ? Il est clair et évident que l’IA ne va point enrayer les inégalités. Bien au contraire nous risquons de creuser considérablement ce fossé, à tel point que la compétence en la matière restera encore l’innovation de l’IA.
- Voice Engine
Le cloneur de voix d’OpenAi arrive dans la danse. Avec seulement un échantillon de quelques secondes de votre voix, le logiciel serait capable de générer une voix synthétique semblable à la vôtre avec la capacité de garder votre accent d’origine dans d’autres langues étrangères que vous ne parlerez jamais ! Puisque nous lançons un tel outil, pourquoi avons-nous peur d’amplifier les fake news alors que nous sommes dans un programme que l’on présente comme avantageux, innovant et non artificieux ? Même si on y voit un certain avantage pour la lecture pour les enfants et adultes, les concepteurs ont bien compris le danger d’une utilisation malveillante de la voix, par exemple celle d’un président, ce qui pourrait avoir des impacts graves. Une protection d’un certains nombres de voix est déjà à l’étude. Et si ma voix est identique à une voix protégée, que va-t-il se passer ?
La contrefaçon est un modèle qui perdure et qui semble avoir encore de longs jours devant elle. Faux sacs, faux cuirs, fausses nourritures, fausses marques, faux papiers… le faux et usage de faux semblent toujours rapporter gros. Nous semblons prêts à ne lui laisser aucune place, dès lors que nous perdons de l’argent à cause de lui. Mais si nous pouvons légitimer le créer et faire de tout le monde des faussaires, alors l’usage du faux devient une banalité mais la richesse grossit toujours la poche d’une seule et même personne. Après les livres écrits par une application, assisterons-nous à la sortie d’albums de musique de ce genre ? Serons-nous tous capables de chanter un jour ? Que dire des doubleurs de voix pour les films ? Vont-ils disparaître ou leur voix sera-t-elle éternellement utilisée ? Nous devrions sans doute nous attendre à voir arriver la protection de la voix comme pour les droits d’auteur.
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Et peut-être, qui sait, de nouveaux albums de Mickael Jackson feront leur prochaine sortie ! Nous ouvrons de nouvelles portes et de nouvelles expériences sur nous-mêmes. Nous entrons probablement dans une nouvelle ère de refonte de nos fondamentaux existentiels et nous nous demandons s’il faut se battre contre ou pour. Depuis que nous existons, seul le temps est le juge de paix de nos actions. Peut-être que nous sommes en train de nous lancer à la conquête du futur avec le concours de l’IA, le partenaire idéal, le Saint Graal pour une nouvelle forme de domination de l’humanité. Ce sera l’autre façon de nous voir.
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Par Georges COCKS
Pluton-Magazine 2024
